Revue de presse

"La France de… Michel Bussi" (Le Point, 24 août 23)

(Le Point, 24 août 23). Michel Bussi, écrivain. 28 août 2023

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Lire "La France de… Michel Bussi".

"[...] Que pensez-vous de la peur d’une dissolution identitaire à l’heure de la mondialisation ?

Je pense que notre crise identitaire est assez logique, inscrite dans le temps historique. La France a longtemps été un des pays phares, notamment parce qu’important démographiquement, tandis que la majeure partie du monde n’avait accès ni au progrès ni à la recherche ni à l’innovation. Il était naturel, dans ce contexte, d’occuper une place de choix. Mais, dans un monde désormais multipolaire, la France, ce n’est plus que 70 millions d’habitants sur 9 milliards d’êtres humains. Forcément, nous allons devoir reculer sur un certain nombre de points.

Quelle attitude adopter face à ce déclassement ?

Le sentiment de déclassement me semble assez naturel, mais il ne me pose pas de problème au sens où la France possède nombre d’atouts sur lesquels elle peut continuer de s’appuyer. Il serait ridicule de se lancer dans une course à l’excellence pour garder son rang. Pour moi, c’est perdu d’avance. Je pense qu’il faut au contraire assumer l’idée que la France n’est qu’un des 200 États du monde, ni le plus grand ni le plus petit, mais qu’il possède encore des atouts, et c’est formidable. Il faut aussi admettre que d’autres pays vont grandir, et il est tout aussi formidable que demain, ou après-demain, des pays africains émergent comme la Chine a émergé et que, bien sûr, une partie de la recherche ne se fera peut-être plus en France. Il faudra partager le gâteau. Ce n’est pas très grave, à partir du moment où tout ça progresse globalement.

La France n’est-elle pas le pays du pessimisme ?

Oui, et la France est un peu schizophrène ! C’est un pays d’excellence incroyable. Dès qu’on voyage, on s’aperçoit de notre raffinement dans la façon de nous nourrir, de nous habiller, dans notre façon de vivre. Un raffinement qu’on trouve rarement ailleurs et qui, chez nous, existe dans toutes les classes sociales. Nous avons donc cette tradition-là – très forte, entretenue par l’éducation – et, d’autre part, le fait que nous cultivons une forme d’autodénigrement qui consiste à penser que tout va toujours mal et que le monde nous menace.

C’est peut-être ça, notre « exception culturelle »…

La France s’est toujours vécue comme un contre-modèle. Hier, c’était les États-Unis ; aujourd’hui, c’est l’Asie. Comme disait de Gaulle, la France ne peut pas être la France sans grandeur. La France ne peut pas non plus être la France si elle ne se mêle pas des affaires du monde, ni si elle ne décrète pas qu’elle a la meilleure gastronomie ! Notre volonté de réaffirmer la grandeur de la France est une force, mais aussi une forme d’illusion qui demande beaucoup d’autopersuasion. C’est ce côté schizophrène qui fait que nous passons pour des gens d’assez mauvaise foi à l’étranger. Certains nous admirent aussi pour ça, parce que nous croyons qu’autre chose est possible, autre chose qu’un modèle complètement standardisé et mondialisé. [...]"


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Le Point "La France de…" (juil.-août 23) dans Être Français (note de la rédaction CLR).


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