Revue de presse

G. Biard : "Attal, le gay qui ne sert à rien" (Charlie Hebdo, 24 jan. 24)

(Charlie Hebdo, 24 jan. 24) 24 janvier 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Attal, le gay qui ne sert à rien".

"Le « vieux monde » n’est pas toujours là où on l’attend. Sans surprise, l’homosexualité de notre nouveau Premier ministre, dont on a le devoir de se foutre, a produit son lot de commentaires haineux et de ricanements mauvais dans la « fachosphère ». Mais d’autres acteurs médiatiques et militants ont également sorti l’artillerie. La nomination de Gabriel Attal à Matignon a beaucoup été commentée à gauche et dans la « communauté » LGBTQ, et pas toujours pour s’en féliciter. Il semble en effet qu’aux yeux de certains, Attal ne soit pas un « bon » gay. Ainsi, sur TikTok, une jeune créatrice de « contenu non binaire » lui reproche une homosexualité « non subversive ». Pour d’autres, il serait le représentant parfait du « privilège homosexuel blanc ».

On peut certes balayer d’un revers de main les âneries en cascade qui alimentent les réseaux sociaux. Le problème, c’est que lesdites âneries sont relayées, et « enrichies », par des médias censément plus réfléchis. Mediapart, par exemple, s’est fendu d’un long article sur ce Premier ministre « gay, mais pas trop » (!), dans lequel un certain Trung Nguyên-Quang, doctorant en sociologie à l’université ParisVIII, explique que « se réjouir de la nomination de Gabriel Attal car il est gay, c’est se rendre complice de toutes les horreurs racistes, classistes, cishétéro­sexistes que son homosexualité rendra possibles. […] Cet homme gay, c’est un homme cis, de classe supérieure, blanc, […] c’est donc le modèle du gay que l’hétérosexualité veut bien accepter : le gay qui lui ressemble le plus, et qui se comporte dans l’intérêt de l’hétérosexualité blanche de classe supérieure, en votant des lois qui lui sont favorables ».

La charge se poursuit, toujours sur Mediapart, mais dans la section « Blogs », cette fois. Celui du collectif Les Inverti·e·s se demande ainsi : « 1er Premier ministre gay : pour rien ? » On doit donc être gay pour « quelque chose ». Mais quoi ? Eh bien, par exemple, ne pas être « l’architecte de la panique islamophobe de septembre, contrôlant la longueur des robes des élèves ». Si vous êtes gay et que vous êtes laïque, attention, vous avez pris la mauvaise orientation sexuelle. De même qu’une femme d’origine maghrébine refusant de se voiler est une traîtresse à sa « culture », vous êtes un traître à votre sexualité. Wilhelm Reich n’avait pas pensé à tout. L’Obs, par la voix de la chroniqueuse Barbara Krief, précise : « Gabriel Attal est, certes, ouvertement gay, mais il n’est pas ouvertement queer. C’est bien là toute la différence. Il est une minorité, mais vit du côté de la majorité et non dans la marge. »

Pour ces commissaires politiques du slip, l’homosexualité doit donc forcément se vivre et se revendiquer comme une « déviance ». Ça valait le coup de se battre pendant des décennies pour que, justement, elle ne soit plus vue comme telle… Et si en plus on le vit bien, c’est le comble. Le « bon » gay doit obligatoirement être une victime. Et pas n’importe laquelle. Car Gabriel Attal, bien qu’« outé » contre son gré en 2018 par l’avocat Juan Branco – lui-même blanc 200 % cisgenre dominant et privilégié, pour utiliser un vocabulaire cher à ces activistes -, ne coche pas les cases de la « bonne » victime.

On connaissait les groupes LGBTQ qui excluaient les lesbiennes n’aimant que les femmes (quel manque de subversion !). Voilà maintenant les intégristes LGBTQ qui n’aiment pas les gays. Ça devait arriver, à force d’allonger jusqu’à l’infini le sigle de la « communauté » – aux États-Unis, on en est déjà à LGBTTQQIAAP (pour lesbienne, gay, bisexuel, transgenre, transsexuel, queer, questioning, intersexe, asexuel, allié, pansexuel) -, fatalement, on ne sait plus où l’on en est et des lettres finissent par sauter. L’ennui, c’est que les deux qui sautent en premier sont le L et le G, pour lesbienne et gay. La lutte n’est pas finie…"



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