Congrès de la Libre Pensée (8 juil. 10) : message du CLR

20 juillet 2010

Message du CLR, présenté par Jean-Michel Nivet (Comité Laïcité République de la Charente, membre du Bureau national du CLR), au Congrès de la Fédération nationale de la Libre pensée, à Artigues-Près-Bordeaux, le 8 juillet 2010.

Ami(e)s, Citoyennes, citoyens,

Permettez-moi, tout d’abord, de vous apporter les pensées et les salutations les plus laïques et fraternelles de Patrick Kessel (président du CLR), de Philippe Foussier (ancien président), et de tous les membres du Bureau National du CLR.

Dans un second temps, acceptez nos remerciements pour cette nouvelle invitation à nous exprimer devant vous. Comme nous vous le disions l’année dernière je pense pouvoir dire à nouveau que la Libre Pensée et le CLR partagent de nombreuses analyses et que face aux nombreuses atteintes à la laïcité, il conviendrait de voir un mouvement laïque plus actif et plus unis.

Enfin, croyez bien (mais doit-on demander à des libres-penseurs de croire ?) que je suis personnellement heureux d’être parmi vous. Je confirme notre attachement indéfectible à la laïcité et à la République et je reprendrai en grande partie, ci-après, des propos de notre président, Patrick Kessel.

L’actualité a été assez riche ces dernières semaines en matière de laïcité. Le Parlement débat actuellement d’une loi sur « l’interdiction de la dissimulation du visage dans l’espace publique » et dès lors que j’aborde ce sujet du voile intégral, je dois dire que si nous comprenons parfaitement vos craintes, nous nous sommes clairement prononcés dans le sens que s’il faut en effet garantir la liberté de se vêtir comme on veut, il faut aussi assurer celle – pour certaines femmes – de pouvoir se dévêtir ou ne pas porter de vêtements imposés.

Le CLR s’est donc montré favorable à une mesure législative. Certes, c’est peut-être une forme d’agitation et de diversion, mais ça lèvera toutes les confusions et ambiguïtés possibles. Ce sera – selon nous - une bonne chose pour la dignité et la liberté des femmes, pour l’idée que nous portons de la citoyenneté, pour les valeurs universelles qu’il faut défendre. Afin de souligner le trait, nous venons d’adresser une lettre aux parlementaires qui appelle à un vote républicain le plus large possible, dépassant les enjeux politiciens.

De façon plus générale la question du communautarisme se pose avec une acuité malheureusement de plus en plus forte, en témoignent de nombreux événements de la décomposition du tissu social, de la situation des banlieues à l’équipe de France de football dont les tribulations semblent fonctionner comme le miroir de nos propres turpitudes.

Nous ne voudrions pas sur ces sujets que la société française se trouve prise dans les mâchoires entre d’une part, la poursuite de la décomposition avec toute la bien-pensance que l’on sait et de l’autre, la montée en puissance des systèmes d’ordres. L’histoire ne se répète pas, mais les évolutions électorales dans certains pays Européens devraient nous ouvrir les yeux : la République se doit de traiter ensemble et rapidement la question sociale et la laïcité.

Ce n’est malheureusement pas la voie prise. Après l’accord signé entre la France et le Vatican qui fait l’objet d’un recours en Conseil d’Etat, le Président a annoncé qu’il était également favorable à la reconnaissance des diplômes des instituts théologiques Protestants. Pourquoi pas les Protestants en effet si cela est déjà possible pour les Catholiques ? Et pourquoi pas demain des diplômes de médecine souffiste ou de science adamique… ! La remise en cause du monopole des diplômes par l’État ouvre de surcroit largement la place de différentes formes de privatisation de l’enseignement mais aussi des savoirs. C’est désormais au cœur même de l’école, c’est-à-dire la matière enseignée, celle que l’on transmet et qui participe de la citoyenneté que l’on s’attaque.

Il y a des écoles dans lesquelles les professeurs d’histoire ne peuvent plus enseigner, des cantines où l’on ne peut plus servir les mêmes repas à tous. Nous exigeons que les églises doivent rester à leur place et ne pas imposer à l’État d’instaurer des droits différents. Au quotidien une foule de dispositions risquent de contribuer à mettre en péril l’universalité du principe fondateur de notre société bâtie sur le principe de liberté, d’égalité et de fraternité. Aujourd’hui il n’est pas acceptable que dans les hôpitaux publics certaines malades (ou plutôt leur mari) refusent – pour des raisons strictement religieuses - d’être soignées par des médecins hommes.

D’autre part, il était de notre responsabilité, tout en déplorant les événements survenus ces derniers mois au Proche-Orient, de lancer un appel à la vigilance et à la responsabilité. Ainsi, nous avons – avec d’autres organisations - dénoncé l’instrumentalisation du conflit israélo-palestinien à des fins ethnico-religieuses, engendrant au sein de la population un réflexe de peur, de division et de repli communautaire. Nous récusons tout recours à des leaders religieux pour dissiper d’éventuelles tensions dans notre République. Cela ne fait que communautariser le débat et constitue une menace pour la laïcité. Les Juifs de France ne sont pas des Israéliens, pas plus que les Musulmans de France ne sont des Palestiniens

Dans ce contexte le Comité Laïcité République s’est donné les moyens d’intervenir dans le débat des idées. C’est ainsi qu’un jury du CLR s’est réuni à deux reprises, le 20 avril et le 22 juin 2010, à l’Assemblée nationale, sous la présidence du Professeur Jean-Pierre Changeux. Le jury a retenu deux noms de personnalités connues, l’un pour le prix national, l’autre pour le prix international, qui seront révélés le jour de la remise du prix le 16 septembre à l’Hôtel de Ville de Paris en présence d’Anne Hidalgo.

Dans le même temps, nous avons commencé un travail en profondeur visant à déboucher sur des propositions de mesures en matière de laïcité. L’idée est de pouvoir présenter un dispositif permettant de concrétiser la laïcité dans la loi et dans les pratiques. Les propositions sont les bienvenues et nous sommes certains que votre congrès y contribuera.

Enfin nous avons lancé la préparation d’un colloque scientifique qui devrait avoir lieu en mars ou avril 2011. Les thèmes retenus pour ce colloque sont :

  • Les sciences de la connaissance : diversité culturelle et universalisme
  • La science et les religions à l’école
  • La science : une croyance comme une autre ?
  • Le progrès : une idéologie comme une autre ?

Voila, chers amis, en quelques phrases, ce que je voulais vous dire. J’aurais pu aborder les nombreux autres sujets sur lesquels nous sommes en phases tels les obsèques civiles ou le droit de mourir dans la dignité, mais pour ne pas trop abuser de votre temps, je préfère m’arrêter là.

Citoyennes, citoyens, cher(e)s ami(e)s, tous nos vœux pour la réussite de votre congrès et à très bientôt sur les chantiers et dans les combats de la République laïque et sociale.

Jean-Michel NIVET



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