Rebond

Sarkozy le Gaulois

21 septembre 2016

Le concert de vociférations qui s’élève contre Nicolas Sarkozy depuis son discours de Franconville mérite que l’on s’y arrête.

Le CLR, par les critiques souvent très dures qu’il adresse à l’ancien président de la République ne peut être soupçonné de sarkozisme, ni de près, ni de loin.

Ceci établi, la notion d’assimilation, que M. Sarkozy avance depuis quelques temps comme une alternative plus radicale que celle d’intégration au communautarisme, ne peut être rejetée d’un revers de main par les républicains laïques que nous sommes, qui pour beaucoup ont justement été élevés dans cet idéal d’assimilation à la nation républicaine.

Que cette référence nouvelle dans le corpus de pensée électoral du président de LR soit une conversion opportuniste ou une véritable conviction, et même si elle est exprimée d’une manière qui renvoie plus à Lorant Deutsch qu’à Marc Bloch, elle n’est pas si éloignée de ce qu’écrivait ce dernier dans L’Étrange défaite : "Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l’histoire de France, ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims ; ceux qui lisent sans émotion le récit de la fête de la Fédération."

Bref, M. Sarkozy, à sa manière échauffante, irritante, clivante et inutilement provocatrice, exhorte les Français, quelle que soit leur origine, à adopter l’histoire de France comme cœur de leur construction citoyenne. Un Français en effet, n’a pas de "sang français", ni de "souche". Il a une histoire, un projet commun et une étoile qui le guide, les Lumières. Et à cela, nous n’avons rien à redire.

Ajoutons que cette exhortation, sous sa forme sarkoziste, c’est-à-dire brutale et agressive, rejoint la remarque d’une grande finesse que Souleymane Bachir Diagne, philosophe enseignant aujourd’hui à Columbia, avait faite, à l’occasion d’un colloque sur l’école et la nécessité de sa sanctuarisation laïque face aux intégrismes de tout poil. Il expliquait qu’enfant il avait appris lui aussi "Nos ancêtres les Gaulois" et que c’était évidemment stupide, les Gaulois ne pouvant pas être ses ancêtres. Soudain, il s’arrêta de parler ; il regarda la salle et dit : "Je pense d’ailleurs que les Gaulois n’étaient pas non plus vos ancêtres." Puis, après un instant de réflexion, il ajouta en souriant "Peut-être finalement que les Gaulois sont les ancêtres de tous les écoliers"...



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