Contribution

"Rythmes scolaires" : réponse à Gilbert Abergel (F. Sautereau)

par Florence Sautereau (enseignante, CLR Ile-de-France) 27 février 2013

Paris, le 27/02/2013

Lettre à Gilbert Abergel

Je viens de lire votre éditorial sur le site du Comité Laïcité République et j’en partage tous les points de vue.

Cependant, permettez-moi de le compléter en tant que citoyenne, enseignante en cours préparatoire à Paris et membre du CLR.

Je souhaite exposer quelques motifs d’inquiétude partagés par de nombreux collègues de la capitale. Je m’oblige à rapporter des interrogations locales puisque la politique des rythmes scolaires sera communale.

Paris, semble-t-il, a préféré parler des « rythmes éducatifs » dans ses brochures consacrées à ce sujet et sur son site « des enfants, des gamins » pour reprendre les termes employés par Monsieur le Maire lors du dernier Conseil de Paris.

Les enseignants préfèrent, eux, penser les rythmes scolaires des élèves.

Est-ce jouer sur les mots ? Non.

« Former des citoyens libres et dotés de la connaissance qui fonde le libre choix » est votre souhait, que les enseignants partagent et tentent, jour après jour, dans les conditions difficiles que vous savez, de faire vivre.

Cependant, cette exigence ne peut se faire sans ceux qui font l’école.

Paris a pris le risque de vouloir mettre en place une politique des « rythmes éducatifs » sans les enseignants et leur expérience. Qui mieux qu’eux sait quand un élève est disponible pour recevoir « les valeurs transmises par le siècle des Lumières », pour reprendre vos mots ?

Sans leur mobilisation, la pause méridienne aurait peut-être été prolongée de quarante-cinq minutes et le lieu de travail des enseignants (la classe) confisqué pour permettre que des ateliers éducatifs s’y déroulent.

Inutile de vous préciser qu’il aurait été impossible de mobiliser un élève après deux heures quarante-cinq de pause dans un lieu qui ne serait plus seulement réservé aux apprentissages scolaires mais aussi aux animations, au risque d’anéantir la symbolique réservée à une classe et à la mise en place d’une confusion entre la mission de l’école républicaine et l’animation.

Les enseignants parisiens se sentent insultés quand il est précisé dans la brochure, je cite, qu’à l’école élémentaire, chaque projet pourrait inclure la découverte des livres et de l’écrit, que les jeux sportifs pourraient développer la socialisation avec l’apprentissage de la règle, qu’une initiation aux langues étrangères pourrait également être développée.

Le rédacteur de ces propos ignore-t-il à ce point ce qui se passe dans les classes ? Ignore-t-il que l’école, dès la petite section de maternelle, se charge de faire découvrir à l’élève le livre et l’écrit ? Pense-t-il qu’une classe de trente élèves puisse fonctionner sans règles de vie ? Ne sait-il donc pas qu’une langue vivante est enseignée dès le cours préparatoire ou le cours élémentaire de première année ?

Comment ne pas être choqué par une telle méconnaissance du système scolaire ?

Comment ne pas être blessé par les propos du Ministre qui évoque « l’hystérie parisienne » ?

Oui, « le souci de l’intérêt général doit prévaloir sur toute autre considération ».

Florence Sautereau


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