Revue de presse

"Ramadan : au Maroc, des « non-jeûneurs » arrêtés" (la-croix.com , 28 avril 22)

29 avril 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Reportage À quelques jours de la fin du Ramadan, les médias marocains ont relayé l’arrestation de jeunes « non-jeûneurs » dans un café de Casablanca, le 27 avril. Le code pénal punit d’un maximum de six mois de prison ceux qui rompent le jeûne « sans motif » admis par l’islam.

Rémy Pigaglio, correspondant, Casablanca (Maroc)

C’est un café situé sur une grande artère de Casablanca, au cœur de la capitale économique du Maroc. Sur les images diffusées par les médias marocains en ligne, des jeunes filles et jeunes garçons sortent de l’établissement, encadrés par des policiers. Ils sont ensuite embarqués dans une camionnette de police. Selon plusieurs médias marocains et des sources militantes, les jeunes gens sont accusés d’avoir rompu le jeûne en pleine journée, à quelques jours de la fin du Ramadan.

L’opération de police, qui a eu lieu mercredi 27 avril dans l’après-midi, a fait le tour des médias en ligne et des réseaux sociaux. Toutes les personnes arrêtées auraient été libérées plus tard dans la soirée, selon le Collectif 490, qui défend les libertés individuelles. « On ne leur a pas encore notifié de poursuites. Mais, d’après ce qu’ils ont compris, ils devraient être convoqués plus tard », indique Narjis Benazzou, présidente du collectif.

Au Maroc, où l’islam est religion d’État, l’article 222 du code pénal punit d’un maximum de six mois d’emprisonnement celui « qui, notoirement connu pour son appartenance à la religion musulmane, rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan, sans motif admis par cette religion ». Si cette disposition du code pénal est parfois attribuée au colonisateur français, la juriste Michèle Zirari, citée en 2019 sur le site du mensuel marocain Zamane, date son adoption à peu après l’indépendance du Maroc, en 1956. Quasiment chaque année, pendant le mois sacré, le débat public sur un maintien ou une abrogation de cette disposition pénale s’enflamme à la suite d’arrestations ou d’actions de militants des libertés individuelles.

« Mercredi matin, je me disais justement qu’il était étonnant qu’aucune arrestation importante n’ait encore eu lieu pendant ce mois de Ramadan. À ma connaissance, seul un Saoudien avait jusque-là été arrêté, à Mohammedia », souligne Betty Lachgar, cofondatrice du Mali (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles), qui milite pour la liberté de conscience, non reconnue par la Constitution marocaine. Seule la liberté de culte est garantie.

« J’ai constaté, pendant ce mois de Ramadan, que beaucoup de cafés continuaient à servir les gens en pleine journée. Peut-être que les autorités se sont dit qu’il fallait faire une arrestation importante pour mettre fin au laisser-aller ? », se demande la militante.

Le jeûne du Ramadan fait partie des cinq piliers de l’islam, qui invite les fidèles à ne pas boire, manger ou encore avoir des relations sexuelles de l’aube jusqu’au coucher du soleil. La religion prévoit que notamment les voyageurs, les personnes malades, les femmes ayant leurs règles peuvent ne pas jeûner. « Selon les témoignages recueillis auprès de plusieurs personnes arrêtées, des policières ont examiné les filles pour déterminer si elles avaient ou non leurs règles », relate Narjis Benazzou.

Selon Betty Lachgar, « les femmes sont pourtant en général assez épargnées par ces arrestations dans le cadre de l’article 222. Et il n’y avait pas eu à notre connaissance de fouilles corporelles. Cela s’apparenterait alors des violences sexistes. »La Croix n’a pas pu confirmer le déroulé de l’opération auprès du ministère marocain de l’intérieur, qui n’a pas répondu aux demandes d’interview."

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