Note de lecture

R. Postorino : Les goûts et les douleurs (S. Mayol)

par Samuel Mayol 13 décembre 2020

[Les échos "Culture (Lire, entendre & voir)" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Rosella Postorino, La goûteuse d’Hitler, Albin Michel, 2019, 400 p., 22 e.

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Quel roman ! C’est un livre étonnant, prenant, passionnant, intrigant, bouleversant.

Hitler, comme beaucoup de dirigeants, avait peur d’être empoisonné.

Elles sont dix, dix femmes devant une assiette, la faim au ventre mais surtout la peur nouant leurs entrailles et on leur ordonne de manger ! Elles ont été recrutées de force pour goûter les plats qui vont être servis à Hitler, à Gross-Partsch, en Prusse orientale. C’est près de ce village que se trouve Wolfsschanze, la tanière du loup, où le Führer a passé plus de 800 jours. Après une heure d’attente pour voir si aucun poison ne fait effet, celui qui met l’Europe à feu et à sang peut manger tranquillement.

Des affinités se créent, il y a la jalousie, l’hostilité et des révélations qui maintiennent en haleine. La relation de Rosa avec le lieutenant Ziegler crée un climat morbide et anxiogène.

C’est un coté de l’Histoire que nous connaissons peu… Celui ou le peuple Allemand subissait aussi cette violence du dirigeant de l’état.

Celui de ce peuple vivant sous l’empire de la Gestapo et surtout celui ou tout refus de collaborer était réprimé par des violences extrêmes.

On revient sur les années d’avant-guerre, Dachau ouvert en 1933, les einsatzgruppen et la shoah par balles, pour arriver aux journées caniculaires de juillet 1944 et cet attentat raté fomenté par Stauffenberg contre Hitler.

Dans cette façon très originale d’aborder l’Histoire, Rosella Postorino est allé au fond de l’intime, dans la vie quotidienne des gens au plus près du monstre et de tous ceux qui l’ont aidé, soutenu, montrant un peuple abusé et tant de vies souillées, brisées, sacrifiées.

Mais c’est aussi un roman qui, malgré tout, parle d’amour, d’amitié, de peur, de respect, d’abnégation, d’égoïsme aussi.

En somme un roman fort, un roman qui marque.

Samuel Mayol


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