Revue de presse

Qualité de la vie, Temps libre... "Tous ces "drôles de ministères"" (B. Fuligni, Marianne, 2 juin 22)

Bruno Fuligni, historien, maître de conférence à Sciences-po (IEP Paris). 10 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"En France, pas de nouveau gouvernement sans ministères aux intitulés savoureux. Le millésime Borne réserve de ce point de vue peu de surprises. Mais qu’inventer de nouveau après le sous-secrétariat d’État aux Forces hydrauliques, le ministère du Sahara ou celui du Temps libre ? Retour sur les maroquins les plus fous de la République…

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[...] Ainsi va la France, partagée entre son fantasme d’un « gouvernement resserré » et son goût pour la nouveauté. [...]

La paix revenue, les portefeuilles guerriers disparaissent, mais de nouveaux enjeux justifient l’apparition de ministères pittoresques, dont le nombre croissant permet aussi d’équilibrer les délicates combinaisons politiques du régime parlementaire : sous-secrétariat d’État à l’Enseignement technique, confié à Moro-Giafferi, l’avocat de Landru ; sous-secrétariats d’État à la Liquidation des stocks, aux Régions libérées, aux Mines, aux Forces hydrauliques, ministère des Pensions créé en 1920 pour les anciens combattants… Un sous-secrétaire d’État au Budget épaule ou contrebalance le ministre des Finances à partir de 1925, un sous-secrétaire d’État à l’Éducation physique tente de muscler les Français dès 1929. Certaines créations grossissent, comme le ministère de l’Hygiène, préfigurant celui de la Santé. En 1940, pour la première fois, le gouvernement de Paul Reynaud atteint la barre des 40 membres. Et le gouvernement Rocard de 1988 en comptera 50… [...]

Depuis 1947, il n’y a plus que des « secrétaires d’État » et non des « sous-secrétaires d’État ». Et le génie politique d’Edgar Faure, en 1955, a fait naître cet hybride qu’est le « ministre délégué »…

Certains ministères changent de nom, comme celui de l’Instruction publique, qui devient celui de l’Éducation nationale en 1932. [...]

Pourtant, dans cette brocante des maroquins désuets, tout n’est peut-être pas à jeter. Ainsi, au moment où flambent les prix des produits alimentaires et des hydrocarbures, n’avons-nous pas besoin d’un ministre du Ravitaillement et d’un commissaire général aux Essences et Combustibles, comme dans le gouvernement Clemenceau de 1917 ? La Polynésie française et la Nouvelle-Calédonie étant aujourd’hui dotées d’institutions propres et de leurs drapeaux, pourquoi pas un ministère des Relations avec les États associés, tel qu’il exista entre 1950 et 1956 pour le royaume du Cambodge, le royaume du Laos et l’État autonome du Viêt Nam ? Compte tenu de l’état des prisons françaises, serait-il déplacé de ressusciter l’éphémère secrétariat d’État à la Condition pénitentiaire, confié à Hélène Dorlhac en 1974 ? [...]"

Lire "Qualité de la vie, Temps libre... Avant le gouvernement Borne, tous ces "drôles de ministères"".


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