Plaidoyer pour l’école laïque, par Henri Caillavet

4 mars 2009

Par Henri Caillavet, président d’honneur du Comité Laïcité République, ancien ministre, ancien parlementaire.

Nous constatons aujourd’hui que la notion de citoyenneté est ébréchée. Ceci est la conséquence de l’évolution de notre société. Jusqu’à ces dernières années, les Français étaient des citoyens de la Liberté. Nos anciens se sont battus pour cette dernière et, à tous les plans : école, presse, social, politique et éthique.

Aujourd’hui, les mêmes Français me paraissent être éventuellement des citoyens de l’égalité. Cette dernière est meurtrie, saccagée et très souvent illusoire.

Posons nous la question : pourquoi subissons nous ces événements ?

Il faut tout d’abord rappeler qu’aujourd’hui il n’y a toujours pas d’école unique publique en France, au plan primaire. Par ailleurs, nous n’avons plus de service militaire et nous avons ainsi perdu le creuset qui permet aux jeunes de se connaître, de s’apprécier et de se dépasser.

Je suis toujours étonné lorsque, dans les villes, je constate qu’il y a d’une part l’école publique laïque, d’autre part l’école dite « libre ».

Dès la maternelle, les enfants sont séparés par décision parentale. Ils emprunteront chacun une route et leur fréquentation sera aléatoire. Ici, ce sont des enfants qui viennent à l’école, soit en voiture automobile, soit avec du personnel salarié. Là, au contraire, les gamins arrivent à pied et se mélangent joyeusement. Les enfants de « concierges », les petits Maghrébins ou les petits Africains vivent côte à côte et, plus tard, resteront des amis.

Il est donc nécessaire d’éviter une telle situation qui s’oppose à notre idéal républicain.

Je pense qu’il faudrait avoir l’audace politique et morale de déclarer qu’il n’y a de la maternelle à la 6e qu’une seule école : l’école laïque.

Si certains souhaitent cependant ne pas respecter cette philosophie, alors qu’ils aient des écoles privées mais que celles-ci ne reçoivent ni directement ni indirectement de quelconques subventions et que le personnel enseignant ne soit pas intégré à l’Education nationale ; ce seront les professeurs choisis par les familles et le directeur de l’école. Ils ne seront pas intégrés dans le système éducatif et ils seront salariés des associations privées. A l’entrée en sixième, ces enfants de l’école « libre » devront subir un examen de contrôle quant à leurs connaissances, étant précisé qu’il pourra aussi y avoir des écoles « libres » pratiquant l’instruction de la sicième au Bac, comme par exemple l’école Pascal, à Paris 16e arrondissement.

Je dicte ces quelques remarques comme on jette des fagots dans le feu afin que celui-ci purifie l’atmosphère !

Ce combat me parait d’autant plus indispensable que nous sommes sur le toboggan de l’Europe et que la laïcité n’est pas la clef de voûte de tous les Etats partenaires.


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