Culture / Cinéma

Mon Légionnaire - Plus inconnu que le soldat : sa femme (G. Durand)

par Gérard Durand. 5 novembre 2021

[Les échos "Culture" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Mon Légionnaire, de Rachel Lang (1 h 47), avec Louis Garrel, Camille Cottin, Ina Marija Bartaité. Sorti le 6 oct. 21.

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Publier une critique sur un film ayant pour sujet la Légion étrangère n’avait pour moi rien d’une évidence. Mais je n’ai pas résisté à ma curiosité en voyant sa distribution. Comment la réalisatrice avait pu avoir l’idée de confier à Louis Garrel, plus habitué à Saint-Germain-des-Prés qu’au désert de sable chaud restait un mystère. J’ai beaucoup d’estime pour Camille Cottin, elle aussi plus habituée aux comédies qu’aux situations dramatiques. Voyons donc comment ces deux acteurs de grand talent se débrouillent avec l’ambiance militaire.

Ils s’en sortent très bien tous les deux. D’abord parce que le film n’est pas un film sur la Légion, mais sur la vie des femmes de militaires. Cela change tout, car elles sont fort nombreuses, pas seulement dans la Légion mais chez les gendarmes, les pompiers et la plupart des régiments. Elles doivent apprendre la patience car leur vie est attente, la vie en communauté avec les autres femmes du cantonnement, l’angoisse de l’au revoir qui pourrait bien être un adieu.

Le régiment de Légion étrangère décrit dans le film est cantonné en Corse. Il est l’un des principaux fournisseurs d’hommes pour les opérations maliennes. Les militaires, officiers et soldats, y font des séjours de plusieurs mois. Il y a là une vraie guerre, avec son lot d’embuscades, de blessés et de morts. Louis Garrel, jeune lieutenant, parvient sans efforts à être crédible dans ce rôle, même si certains lui reprochent un manque de rigidité. Quant à Camille Cottin, elle tente de concilier son métier d’avocate et sa présence dans ce coin perdu.

Rien n’est évident car l’autorité militaire veille à ce qu’elle considère comme le fonctionnement harmonieux de la communauté. Convoqué par le comandant, le lieutenant se fait engueuler parce que sa femme ne participe pas assez aux réunions des épouses, et le prie de bien vouloir y mettre bon ordre. Il est clair que, pour lui, l’épouse ou la concubine sont aux ordres de leur mari. Le couple s’en sort tant bien que mal. Mais ce n’est pas le cas de tous les autres. La compagne d’un autre lieutenant, émigrée balte, l’a suivi en l’attente du mariage promis. Il aura bien lieu, mais elle déchantera très vite. Jeune femme pleine de vie, elle a besoin de fête, de contact avec d’autres, et ira chercher ailleurs ce que ne lui offre pas un mari absent.

Ce film, qualifié de drame par la critique, n’en est pas un pour moi. Il est simplement le portrait criant de vérité, tracé, avec talent, par une réalisatrice ayant été elle-même militaire, de la vie de ceux dont on ne parle que lorsqu’ils se font tuer. Pour leur pays ou pour la gloire de tel ou tel homme d’Etat ? La est la vraie question.

Gérard Durand


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