Revue de presse

Le Tigre et le président : l’auteur répond aux critiques (J.-M. Peyrefitte, marianne.net , 27 sept. 22)

Jean-Marc Peyrefitte, cinéaste, réalisateur de "Le Tigre et le président". 12 octobre 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"Monsieur Bruno Fuligni,

Auteur du film Le Tigre et le Président, je vous adresse cette réponse afin de dissiper un malentendu évident sur mes intentions. Le film est présenté comme une comédie, une fantaisie historique et non comme un documentaire, car, j’ai fait un travail de réalisateur de fiction et non d’historien, et qu’à ce titre, OUI, j’ai inventé, et ne m’en cache pas. Je l’indique d’ailleurs, comme vous le notez, dans la phrase en exergue que je me permets de mettre ici dans son intégralité contrairement à la version tronquée du communiqué des Amis de Clemenceau.

« Ce film est inspiré de faits réels, en dehors de ceux que nous dûmes imaginer… pour que cette histoire reste vraisemblable. » Ma volonté de ne pas tromper le spectateur est claire. Thierry Billard, historien, biographe de Paul Deschanel et directeur éditorial chez Robert Laffont, a, comme vous, noté les « approximations historiques », mais lui, n’en tire pas les mêmes conclusions que vous puisqu’il considère le film comme « une excellente porte d’entrée à la IIIe République ». Il appartiendra donc au spectateur de se renseigner dès la fin du film pour départager le vrai du faux.

Nous avons fait un travail de fiction historique, plus fidèle à la psychologie des personnages qu’à certains faits historiques, parce que notre reconstitution est humaine avant d’être politique. Non, la femme de Clemenceau ne s’appelait pas Rose, mais Mary effectivement. Cependant, jamais dans le film il n’est indiqué qu’il s’agit de sa femme dont il est séparé depuis longtemps. Nathalie Saint-Cricq prête, dans son dernier ouvrage, 600 conquêtes au Tigre. Alors, à partir de toutes celles-ci, n’ayant que très peu d’informations sur le moment où chacune d’entre elles le côtoyait, je me suis permis d’en imaginer une : Rose, comme Rose Caron, qui fut l’une des plus influentes d’entre elles, et qui aurait la nationalité de Mary. C’est effectivement une liberté que j’ai prise avec l’histoire.

Le film ne répète pas « à satiété », comme le dit le communiqué des amis de Clemenceau que le Traité de Versailles est la seule cause de la Seconde Guerre mondiale. Il n’établit un lien entre les deux qu’à un seul moment, sur le carton de fin, et le fait par une conjonction de coordination « et » qui marque, dans la langue française, comme vous le savez, une « association non exclusive » ou un « lien de cause à effet complétif ». Le film dit donc que le Traité de Versailles est une des causes parmi d’autres, mais une cause quand même, de la guerre, ce qui est admis par l’immense majorité des historiens.

Mais parlons aussi de ce qui est vrai : Paul Deschanel était l’homme le plus éloquent de son temps et toutes les idées politiques qu’il énumère dans le film sont véridiques. Historiquement, il les a eues pendant toute sa carrière politique, et j’ai pris la liberté de les rassembler pendant son court mandat de président : comme il le dit dans le film « mes quarante ans d’idées politiques que je taille dans l’étoffe des songes ». La rivalité entre Clemenceau et Deschanel est avérée et a émaillé toute leur vie politique, à tel point qu’ils se sont battus en duel et qu’au sortir de celui-ci Clemenceau écrivait à leur dame de compagnie commune : « Ne t’en fais pas, je n’ai pas trop abîmé ton petit Paul ». Et j’aurais encore nombre d’exemples similaires de faits historiques qui m’ont inspiré cette histoire.

Parce que la fantaisie, la fabulation et l’invention planent autour de cette histoire. D’un même fait historique, dans chacune des trois biographies de Paul Deschanel, il y a souvent trois versions différentes, beaucoup de légendes ont couru sur lui, comme quoi il signait ses décrets Napoléon ou Vercingétorix, qu’il se promenait en ramoneur traînant une bûche en laisse, des caricatures humiliantes ont circulées… Ce qui a fait dire à Franck Ferrand « et si Paul Deschanel (…) n’avait été, à la vérité, que l’ultime victime politique de Clemenceau ? » Parce que Deschanel prenait ce médicament qui modifiait sa perception, attesté par le travail de thèse du docteur Milleret."

Lire ""Le Tigre et le Président" : le réalisateur se défend face aux critiques sur les erreurs historiques".



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