Revue de presse

"Le naufrage de la Ligue des droits de l’homme" (lefigaro.fr , 24 déc. 20)

31 décembre 2020

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Passée de la défense du capitaine Dreyfus à celle du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), l’association est devenue une alliée des promoteurs de l’islam politique.

Par Judith Waintraub

Le dernier fait d’armes de la Ligue des droits de l’homme résume à lui seul sa dérive : elle a porté plainte contre une prof d’université menacée de mort sur les réseaux sociaux pour avoir qualifié sur le ton de l’humour l’islam et le judaïsme de « religions sexuellement transmissibles » - on naît musulman par son père et juif par sa mère. « S’en prendre aux religions n’est pas punissable, et c’est heureux, mais là, vu la brutalité du propos, on passe à un autre stade », a expliqué le président d’honneur de la LDH, Michel Tubiana. Lors de la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), début décembre, la Ligue s’était déjà distinguée en accusant le gouvernement de « conforter l’idée que ce sont bien toutes les personnes musulmanes qui sont ici mises en cause ».

Sa dérive a commencé au début des années 1990, quand l’historienne Madeleine Rebérioux en a pris la présidence. L’association fondée un siècle plus tôt pour défendre Dreyfus, après bien des conflits internes, a alors mis toute son autorité morale au service de mouvements d’extrême gauche dont elle a épousé les combats anticapitalistes, anticolonialistes ou propalestiniens.

La conversion à l’islamo-gauchisme n’est que la suite logique de cette évolution. Dès 1995, quand Jean-Louis Debré, à l’époque ministre de l’Intérieur, a interdit Tariq Ramadan de séjour pour « menace à l’ordre public », la LDH a pris fait et cause pour le prédicateur suisse. Vingt ans plus tard, Michel Tubiana a partagé avec lui la tribune d’un meeting organisé à Saint-Denis contre l’état d’urgence, décrété après les attentats islamistes du 13 Novembre. « Le 13 Novembre est un prétexte pour engager la guerre », y a affirmé Ramadan - pas encore accusé de viol.

Cette thèse d’une « guerre aux musulmans » que mènerait la France a servi de fil conducteur aux principaux engagements de la LDH ces dernières années, jusqu’à devenir son obsession quasi unique. En 2006, si elle reconnaît que l’enseignant Robert Redeker ne doit pas être menacé de mort pour avoir pris la plume - dans Le Figaro - contre les « intimidations islamistes », elle lui reproche surtout « un discours haineux et de nature à porter atteinte à la paix civile ». En 2010, elle s’oppose à la loi d’interdiction de la burqa dans l’espace public. En 2016, quand les burkinis font leur apparition dans les piscines municipales, la LDH invoque la défense des « libertés publiques » pour attaquer devant le Conseil d’État les élus qui veulent les en chasser.

Le 16 octobre dernier, jour de l’assassinat de Samuel Paty, le journaliste Mohamed Sifaoui, auteur de nombreuses enquêtes sur les Frères musulmans et sur al-Qaida, révèle sur son compte Twitter une proposition de tribune envoyée par la LDH à plusieurs associations. Emmanuel Macron y est accusé d’ouvrir la voie « à la stigmatisation d’une partie de la population » avec son projet de loi pour lutter contre les séparatismes, qui risquerait de « faire d’une partie de la population, celle de culture et de religion musulmane, ou perçue comme telle, les potentiels porteurs des pires dérives allant jusqu’aux plus mortifères d’entre elles ». Les signataires ont l’intention de demander au président de renoncer à son projet, mais ils remballent leur texte quand ils apprennent la décapitation de l’enseignant et appellent à la place à manifester contre l’« obscurantisme » et le « terrorisme »

La LDH ne nomme l’islamisme que pour regretter que « l’assimilation de la pratique de l’islam à ce qu’il est convenu d’appeler “l’islamisme politique” laisse croire à un lien indissoluble entre la religion musulmane et une norme politique qui nierait la séparation entre les Églises et l’État ». En revanche, les responsables de l’association usent volontiers du concept d’« islamophobie » quand il s’agit de défiler pour la dénoncer, comme lors de la « Marche contre l’islamophobie » de novembre 2019. La LDH a même éprouvé le besoin d’exprimer sa réprobation contre la Lettre aux escrocs de l’islamophobie écrite par Charb, en expliquant qu’elle ne partageait « en rien les thèses sur l’antiracisme et la laïcité de l’ex-directeur de la publication de Charlie Hebdo », mort en 2015 dans l’attentat islamiste contre son journal. Au cas où une ambiguïté aurait subsisté…"

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