Communiqué du Comité Laïcité République

La neutralité religieuse sur les terrains de foot protège, rassemble et unit (CLR, 11 fév. 22)

11 février 2022

Une poignée de footballeuses, qui entendent porter le voile, particulièrement lors des compétitions, ont saisi en novembre dernier le Conseil d’Etat pour faire abroger ce principe du règlement de la Fédération Française de Football qui interdit "tout port de signe ou tenue manifestant ostensiblement une appartenance politique, philosophique, religieuse ou syndicale". Leur demande a été rejetée, mais qui continue d’être examinée sur le fond.

Un appel publié dans le journal Libération, porté par les footballeurs connus tels Lilian Thuram, Eric Cantona ou Vikash Dhorasoo, soutient les hijabeuses. On interpelle sur le thème des discriminations en posant la question : « Comment peut-on prétendre lutter contre un « séparatisme » qu’on organise de fait en excluant certaines sportives des compétitions ? » Mais comment ne pas voir que ce voile est justement le symbole de ce séparatisme, puisqu’il exprime le refus du mélange au-delà de la communauté de croyance ? Qu’il est la manifestation, pour celles qui le portent qu’elles le veuillent ou non, d’une culture religieuse de l’inégalité entre les sexes ?

La ministre déléguée à l’Egalité femmes-hommes, Elisabeth Moreno, leur a emboité le pas pour estimer sur LCI, que les femmes "ont le droit de porter le voile islamique pour jouer" sur un terrain de foot. En justifiant cela contre une « assignation à résidence » pour les filles, et que, « dans l’espace public, les femmes peuvent se vêtir comme elles le souhaitent », reprenant que certaines disent porter « le voile par choix », pour conclure « Ma bataille c’est de protéger celles que l’on force à porter le voile ».

L’espace public n’est d’abord pas un stade de foot. En y autorisant le voile, n’est-ce pas faire la promotion d’un modèle d’inégalité propre à un communautarisme qui s’oppose à la liberté de ces filles ? N’est-ce pas donner le feu vert à une emprise communautariste sur nos banlieues, qui entend qu’elles intériorisent très tôt ce sous-statut sexuel au point de le revendiquer ? De quoi parle-t-on alors lorsque l’on évoque celle qui seraient « à protéger » ? Et comment aussi oublier que nous n’avons pas affaire à des demandes individuelles mais à une logique de groupe de pression qui n’est pas d’aujourd’hui sur ce sujet, avec des Frères musulmans en embuscade ?

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, a affirmé ce vendredi 11 février que les déclarations d’Élisabeth Moreno sur le port du voile dans le sport ne reflétaient pas la position du gouvernement. *

Très bien, mais à quand une réponse dont la cohérence est seule efficace face à ces attaques ? Ceci, alors que la majorité s’apprête à rejeter un amendement venu du Sénat qui prévoyait justement d’appliquer ce principe de neutralité dans les compétitions sportives en général ? Comment ne pas avoir à l’esprit, celles qui sont mortes pour avoir refusé le port du voile dans leur pays, ou bien l’ont fui, pour ne pas se le voir imposer ? Que vaudrait donc d’avoir adopté une loi contre le séparatisme, si c’est pour ensuite faire la promotion du symbole qui en est le porte-étendard ?

Nous ne devons accepter aucune prédestination selon l’origine, la religion ou la couleur, en laissant s’installer la promotion d’un droit à la différence dans le football, qui tue la mixité, le mélange, qui signe l‘abandon de l’égalité républicaine. La neutralité dans le sport participe à protéger un espace commun où tous puissent se reconnaitre, se retrouver, s’unir, dans l’esprit de faire nation commune, comme citoyens. C’est un choix de société, celui émancipateur de la République laïque que résolument, nous défendons !

Comité Laïcité République,
le 11 février 2022.


Voir aussi dans la Revue de presse "La France va-t-elle céder aux footballeuses voilées ?" (A. Sugier, F. Thiriez et L. Weil-Curiel, lepoint.fr , 19 déc. 21), Femmes-hommes : les JO de Paris 2024 doivent appliquer la Charte olympique ! (A. Sugier, collectif, lemonde.fr , 13 août 19), Annie Sugier : « Le temps du sport n’est pas celui de la religion » (Le Monde, 4 août 19), Coupe du monde féminine de foot : « Non à l’apartheid sexiste en Iran et en Arabie saoudite » (J. Eustache-Brinio, A. Sugier, L. Taillade et L. Weil, nouvelobs.com , 19 mai 19), "Il faut exclure l’Iran et l’Arabie Saoudite des Jeux olympiques de Rio" (F. Morvan, A. Sugier, L. Weil-Curiel, liberation.fr , 6 juil. 16), Femmes-hommes : les JO de Paris 2024 doivent appliquer la Charte olympique ! (A. Sugier, collectif, lemonde.fr , 13 août 19) dans la rubrique Sport ;
le document Charte olympique (CIO) ;
les communiqués du CLR Les fédérations sportives doivent veiller au respect des principes olympiques et républicains ! (CLR Touraine, 21 fév. 21), "La ministre des sports n’a pas lu la Charte olympique" (CLR, LDIF, 12 juin 20), du Collectif laïque "La Fédération française de rugby récompense une joueuse qui bafoue les lois du sport !" (Collectif laïque national, 9 fév. 21)  ;
la note de lecture A. Sugier, L. Weil-Curiel et G. Biard : Les JO otages du politiquement correct islamiste par Patrick Kessel ;
dans les Initiatives proches la Ligue du droit international des femmes (LDIF)
et
"Le corps des sportives n’est ni une marchandise ni un étendard politico religieux" (LDIF, LM, RdF , 30 juil. 21), "Paris 2024 : revenir à l’esprit olympique" (CLEF, LDIF), VIDEO Annie Sugier : Candidats, allez-vous dénoncer l’apartheid sexuel dans le sport ? (19 mai 17) , VIDEO Annie Sugier : L’offensive intégriste dans le sport (Conférence-débat du 26 nov. 16) (note du CLR).


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