Edito

La haine du juif est à l’œuvre (G. Abergel, 27 jan. 22)

par Gilbert Abergel, président du Comité Laïcité République. 27 janvier 2022

Mercredi 26 janvier, la « Fondation pour l’Innovation Politique » et l’ « American Jewish Comittee » ont publié l’édition 2022 de la « Radiographie de l’antisémitisme en France ». Dans la foulée, les auteurs du rapport ont multiplié les présences sur les plateaux de télévision, sur les ondes radio en alertant sur la persistance de ce mal radical qu’est l’antisémitisme. Aujourd’hui, 24 heures après, il restera sans doute quelques éditorialistes et responsables politiques pour s’y référer, mais sans doute nous faudra-t-il attendre le prochain drame ou, au mieux, le prochain sondage pour s’interroger sur la permanence de cette pulsion haineuse dans une République que nous persistons à vouloir Pays des Lumières et de la liberté de conscience.

Et, en attendant ce prochain réveil, des enseignants continueront d’hésiter à évoquer la Shoah devant certains de leurs élèves, des irresponsables politiques continueront d’assimiler l’antisémitisme à une simple variante du racisme qui prendrait aujourd’hui le nom d’islamophobie.

Les résultats de cette radiographie ne font que confirmer les précédentes analyses lesquelles révèlent la persistance des préjugés antisémites au cœur de la société française et l’installation durable de cet antisémitisme des banlieues. Nous observerons que lors des sondages précédents sur l’attachement des français à la laïcité, des écarts identiques entre les personnes sondées de religion musulmanes et la population globale étaient observables. Que ce soit sur l’importance accordée aux commémorations de la Shoah, sur la supposée influence des juifs dans le monde financier ou médiatique, partout nous retrouvons les mêmes écarts. Cette focalisation sur l’antisémitisme des banlieues, pour important qu’il soit, ne doit pas nous cacher qu’ailleurs aussi, dans d’autre partis politiques, la haine du juif est à l’œuvre.

La France n’est pas un pays antisémite. Pourtant, il se trouve des Français pour brandir des pancartes imbéciles - le fameux « Qui ? » - accusant les juifs de tous les maux, comme il s’en est trouvé, lors du dernier conflit mondial, pour s’associer à l’horreur nazie, et comme il y en eut lors des nombreux pogroms qui ont émaillé l’histoire de l’Occident.

Cette permanence n’est pas une fatalité. Les pulsions de haine sont, hélas, consubstantielles de à la nature humaine, mais elles restent, heureusement, enfouies au plus profond de nous mêmes, parce qu’on nous a transmis une idée du bien et du mal, parce que nous avons appris que sans l’Autre, nous ne sommes pas grand chose.

On pourra objecter qu’à l’heure des réseaux sociaux, cette barrière a été fragilisée. Sans doute cette facilité à se construire un double anonyme débarrassé de toute règle morale et offrant un canal sans risque pour l’expulsion de notre haine complique-t-elle notre tâche.

A la persistance de cet antisémitisme doit répondre notre détermination à refuser toutes ces manifestations haineuses, à préserver le droit des petits enfants juifs à fréquenter sans risque l’Ecole de la République. C’est dire si tous ceux qui sont investis d’une mission éducative, à l’école comme dans la famille, doivent se mobiliser.

Gilbert Abergel


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