Revue de presse

"La crèche, symbole chrétien ou tradition populaire ?" (lefigaro.fr , 3 déc. 14)

5 décembre 2014

"Le tribunal de Nantes a interdit la crèche de Noël du Conseil général de Vendée. Une décision qui interroge sur les frontières de la laïcité.

Chaque année, à l’approche de Noël, la polémique revient. La crèche, symbole de la Nativité chrétienne, est-elle incompatible avec la laïcité ? Est-ce un emblème religieux ou une tradition populaire ? Ou s’arrête le cultuel et ou commence le culturel ? « Faudrait-il interdire les étoiles dans les guirlandes de Noël qui décorent nos rues en ce moment sous prétexte qu’il s’agit d’un symbole religieux indigne d’un espace public ? » se demande ainsi Bruno Retailleau, président du département de Vendée. Autant de questions qui interrogent sur les limites de la laïcité à la française, que d’aucuns dénoncent comme un « laïcisme » et d’autres présentent comme un rempart à tous les communautarismes.

Dura lex, sed lex. L’article 28 de la loi de 1905 de Séparation des Eglises et de l’Etat est très clair : « il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires ainsi que des musées ou expositions ».

Reste à savoir si la crèche est vraiment un symbole religieux. Ainsi, dans le sud-est de la France, la crèche est considérée comme une « tradition locale ». Au pays des santons, chaque année une grande crèche occupe le péristyle de l’Hôtel d’Avignon, sans qu’il ne vienne l’idée à personne de remettre en cause un symbole de la « Provence mythique ». Vérité en Provence, erreur en Vendée ?

C’est ce qu’a jugé le tribunal administratif de Nantes (le Conseil général de Vendée a fait appel), qui a déclaré la crèche comme un « emblème religieux incompatible avec la neutralité du service public », invoquant, outre la loi de 1905, l’article 1 de la Constitution qui précise : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. »

« Quand il s’agit de la loi et du respect de la liberté des citoyens, peut-il s’agir de chipotage ? » répond Jean Regourd, président de la Fédération de La libre pensée de Vendée quand on lui demande s’il n’exagère pas en voyant dans une simple crèche une atteinte à la République. Il pointe du doigt le « danger communautariste » qui menace si « on commence à déroger à la règle ». « Si on octroie un droit particulier à un groupe, cela ouvre la porte à toutes les revendications communautaires ». Il n’y a pas, selon lui, de « tradition culturelle » qui vaille, hormis, « la tradition laïque ouverte par la Révolution de 1789 ».

Pour Nicolas Cadene, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, « tout doit être examiné au cas par cas par les juges » « Une crèche vivante, manifestation temporaire, pourra tout à fait être autorisé dans l’espace public. ». Il plaide pour « le dialogue en amont, et des solutions de bons sens ». Dans un guide à destination des collectivités locales, l’Observatoire rappelle que « les bâtiments de la collectivité doivent rester neutres ».

Ce n’est pas la première fois que la Vendée, fief historique de Philippe de Villiers, a maille à partir avec les défenseurs de la laïcité. Le logo représentant le département, un double cœur entrelacé, surmonté d’une couronne et d’une croix, affiché sur toutes les façades administratives, avait déjà fait l’objet d’attaques en justice de la part d’associations de défense de la laïcité. En 1999, le tribunal administratif de Nantes avait alors décidé que cet emblème, symbole des Chouans, ne contrevenait pas à la laïcité mais relevait du « repère historique »."

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