Revue de presse

Kl. Kinzler (Sciences Po Grenoble) : « Je suis devenu le “facho” à abattre » (Le Point, 24 fév. 22)

25 février 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Klaus Kinzler, L’islamogauchisme ne m’a pas tué, éd. Rocher, 2022, 344 p., 19,90 e.

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"[...] On pourrait résumer ainsi l’affaire : en novembre 2020, je n’ai pas voulu que la notion d’islamophobie apparaisse dans l’intitulé d’une manifestation officielle de l’IEP (la Semaine pour l’égalité) où elle était censée figurer sur un pied d’égalité avec le racisme et l’antisémitisme. Je m’en explique longuement dans mon livre, L’islamogauchisme ne m’a pas tué (Éditions du Rocher, à paraître le 2 mars). Avant, en vingt-cinq ans de carrière, jamais personne ne m’avait empêché d’exprimer mes opinions, d’animer des débats ou de participer aux bagarres intellectuelles et politiques de l’IEP. J’étais à peu près le seul « libéral » dans un univers qui était globalement de gauche et d’extrême gauche, mais j’étais globalement respecté. Un changement de génération s’est opéré sur les dix dernières années. Les vieux chercheurs érudits, qui s’étaient dépolitisés en vieillissant, ont pris leur retraite. C’étaient des gens de la vieille école, respectés pour leurs connaissances et non pour leur engagement en politique. Cette génération a disparu. La nouvelle génération de politologues et de sociologues s’est révélée infectée par les théories « woke ». Un exemple : ces dernières années, nous avons assisté à l’IEP à une multiplication des blocages. Les blocages ont certes toujours fait partie du folklore universitaire. Ce qui est nouveau, c’est qu’ils sont désormais ouvertement soutenus et encouragés par une partie des enseignants-chercheurs.

L’université a toujours été politisée, de façon spectaculaire en Mai 68, puis dans les années 1970-1980 avec le postmodernisme et la pensée critique…

Les universités en Europe ont connu trois phases de militantisme : les staliniens dans les années 1950, les maoïstes dans les années 1970, le mouvement woke auquel nous assistons aujourd’hui. Le militantisme est une constante, surtout dans les sciences sociales, mais ce qui a changé c’est que cette nouvelle gauche militante a occulté le social pour se focaliser sur l’identitaire et la victimisation. On réduit chaque personne à une identité qui serait par définition discriminée. De surcroît, dans les années 1970, lorsque j’étais au lycée, en Allemagne, et que mes profs étaient des soixante-huitards ou d’anciens nazis, la politisation était moindre malgré la polarisation. [...]

Vous nous avez apporté le « Passeport pour l’égalité »… Racontez-nous.

Ce joli passeport a accompagné les étudiants de l’IEP pendant la « Semaine pour l’égalité et contre les discriminations », qui a eu lieu début février. L’édition 2022 s’est révélée pire que celle de l’année dernière. Car cette année, la participation a été obligatoire pour les étudiants de troisième année. Sans surprise, on y a parlé genre, féminisme, jeunesse et inégalités, discriminations de toutes sortes et expériences du racisme, thème pour lequel on a invité deux représentantes des Étudiants musulmans de France (EMF) – une organisation proche des Frères musulmans ! Bien entendu, tout a été extrêmement scientifique. J’ai fait des recherches sur les intervenants, universitaires ou associatifs : idéologiquement, ils viennent tous du même bord ! Que de tels ateliers se tiennent dans les murs de l’IEP et qu’on y discute, pourquoi pas. Mais qu’une telle semaine soit rendue obligatoire pour les étudiants, cela bat tous les records ! L’enseignement, ce n’est pas obliger les jeunes gens qui vous sont confiés à écouter des militants qui cherchent à les embrigader. C’est ce qui permet aux étudiants d’acquérir des savoirs, savoirs qui, ensuite, leur permettent de débattre avec d’autres. Or, là, il n’y a eu ni l’un ni l’autre. [...]"

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