Revue de presse

"Immigration : déni, postures et monstrueux gâchis" (N. Polony, Marianne, 25 mai 23)

Natacha Polony, journaliste, essayiste, directrice de la rédaction de "Marianne". 25 mai 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire "Immigration : déni, postures et monstrueux gâchis".

"[...] L’immigration est sans doute le sujet où le gouffre entre les aspirations des citoyens et les discours du milieu politico-médiatique est le plus béant.

[...] Les mêmes qui soutiennent qu’il n’y a pas de modification massive des populations européennes (le penser serait déjà xénophobe) affirment que, de toute façon, il n’appartient pas aux peuples de décider qui ils accueillent et à quelles conditions. Mais ils sont tout étonnés, et surtout scandalisés, de s’apercevoir que ces peuples votent pour des partis qui s’engagent à maîtriser ces flux – ou prétendent pouvoir le faire. [...]

Est-il contraire aux droits humains d’exiger des futurs naturalisés qu’ils maîtrisent la langue du pays ? Est-il absurde de vérifier qu’une personne qui fait venir sa famille puisse la nourrir et la loger et ne vive pas des aides sociales ? Est-il monstrueusement choquant de considérer que celui qui enfreint les lois d’un pays n’a pas vocation à y rester ? [...]

En France, l’impossibilité d’un débat argumenté, le refus d’envisager ne serait-ce que des mesures existant chez nos voisins allemands (les migrants qui ne peuvent travailler parce qu’ils ne maîtrisent pas encore la langue ne choisissent pas où ils s’installent, mais se voient imposer un lieu de résidence pour mieux répartir) aboutit à des situations absurdes : 66 % des immigrés concentrés dans des villes de plus de 100 000 habitants, dans des ghettos concentrant la misère, nourrissant l’échec scolaire et renforçant le communautarisme. Elle est là, la réponse aux excités et aux fachos qui, de Callac à Saint-Brevin-les-Pins, refusent de comprendre que l’intégration a pour condition la répartition des populations sur le territoire. Mais la condition pour que les citoyens acceptent cela n’est pas de balayer leurs craintes en les traitant de xénophobes, mais de les assurer que les nouveaux arrivants s’intégreront, accepteront les règles de vie de leur nouvelle patrie, et que leurs enfants seront élevés dans le désir de perpétuer une culture fondée sur l’émancipation des individus et la dignité de l’homme.

Quiconque regardait le couronnement du roi Charles III ne pouvait qu’être frappé par la diversité des profils au sommet de la société britannique. Quiconque est véritablement attaché au modèle républicain laïque se doit de regarder en face ce qui est un échec français. Non, il n’est pas dû à un universalisme qui refuserait la diversité des croyances. Le repli communautaire et la remise en cause de cet universalisme par les enfants d’immigrés sont au contraire le résultat de la ghettoïsation, de la destruction progressive de la promesse d’ascension sociale sans laquelle il n’y a pas d’adhésion à la République et à ses principes. Immigration, école, aménagement du territoire forment un triptyque qui doit – et peut – redevenir vertueux."


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