Revue de presse

“Des chercheurs s’alarment du "retour de la race"” (Le Monde, 1 juil. 09)

30 juin 2009

"La "racialisation de la société française" est-elle en marche ? Convaincus que les travaux du Comité pour la mesure et l’évaluation de la diversité et des discriminations (Comedd) mis en place en mars sous l’égide du gouvernement par le commissaire à la diversité, Yazid Sabeg, portent en germe ce risque, 22 chercheurs et universitaires de disciplines diverses se sont réunis pendant deux mois au sein d’une contre-commission : la Commission alternative de réflexions sur les "statistiques ethniques" et les discriminations (Carsed). Le fruit de ses travaux, un ouvrage collectif titré Le Retour de la race (éd. de L’Aube), a été présenté lundi 29 juin.

C’est la composition même du Comedd, partiale selon eux, qui a poussé ces universitaires à se réunir. "Le choix des membres du Comedd semble avoir été motivé par le seul critère d’une position ouvertement favorable aux statistiques ethniques", assurent-ils.

Une affirmation à nuancer : chargé d’"évaluer les dispositifs et outils nécessaires à l’observation et à la connaissance de la diversité et des discriminations en France", le Comedd réunit des personnalités de sensibilités différentes sur le sujet. La CGT ou la Ligue des droits de l’homme (LDH), pour ne citer qu’elles, ont des positions prudentes sur la question de la mesure de la diversité. Et c’est pour réussir à produire un rapport solide, mais aussi "le plus consensuel possible", que François Héran, le président du Comedd, a décidé de remettre son travail mi-septembre et non fin juin comme prévu initialement.

Avant d’être un support de propositions alternatives, le "contre-rapport" cherche à dénoncer le "leurre" de la réflexion engagée au Comedd. "La mesure statistique de la "diversité" (est) un euphémisme derrière lequel se cache désormais l’intention de produire des statistiques de l’ethnicité", affirment dans leur introduction les chercheurs parmi lesquels figurent la philosophe Elisabeth Badinter, les démographes Hervé Le Bras et Alain Blum, le sociologue Jean-François Amadieu.

Or soutiennent-ils, "en développant une vision de la société durablement fragmentée selon les critères d’origine, donc figés", une telle classification ethnique, "aboutit à terme à la fragmentation et à la concurrence entre "communautés" avec chacune ses lobbies, ses victimes, ses exclusions, son entre-soi, sa solidarité limitée aux membres du groupe alors que l’Etat républicain a la mission de l’assurer pour tous". Ils insistent sur un fait : si, "dans certaines discriminations, une composante raciste est présente, dans la plupart, l’influence des inégalités est déterminante".

Selon eux, "au lieu de s’acharner ou de fantasmer sur la construction d’une mesure illusoire", le gouvernement devrait se saisir de la question des moyens existants pour réduire les discriminations, tel le CV anonyme, dont les décrets d’application ne sont toujours pas sortis.

De même, la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) devrait, selon la contre-commission, voir ses pouvoirs renforcés, "pour pouvoir par exemple mener des opérations de testing à assez grande échelle".

En somme, ce qui manque aujourd’hui, assurent ces chercheurs, c’est avant tout "une volonté gouvernementale"."

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