Revue de presse

C. Fourest : "Un "mâle blanc" pour président" (Marianne, 1er juin 18)

Caroline Fourest, journaliste, essayiste, auteur de "Génie de la laïcité" (Grasset). 21 juin 2018

"Fidèle à sa vision libérale anglo-saxonne, Emmanuel Macron a manifestement décidé de flatter tous les travers qui minent le modèle français. Quand il s’adresse aux catholiques, il les encourage à se montrer plus « politiques » au nom d’une laïcité « apaisée » qui renonce au combat. Quand il doit annoncer un plan sur la banlieue, il joue du vocabulaire communautariste pour mieux abandonner les quartiers populaires.

Le tour de passe-passe est d’un cynisme incroyable. Ainsi donc, si Emmanuel Macron renonce aux propositions ambitieuses du rapport Borloo qu’il a lui-même commandé, ce n’est pas parce qu’elles coûtent trop cher ou qu’il s’en fiche, mais parce qu’il ne servirait à rien d’écouter deux « mâles blancs » sur la banlieue.

L’expression n’est pas choquante lorsqu’elle sert à souligner le machisme. Elle le devient lorsqu’elle singe l’antiracisme pour enterrer l’égalité des chances.

Fidèle à la politique déjà menée avec l’Anru, le rapport Borloo proposait de continuer à concentrer les moyens sur les quartiers qui en ont le plus besoin, à créer une ENA locale, des campus numériques ; bref, à tout entreprendre pour permettre l’essor d’une future élite. Un plan ambitieux et coûteux. Que suggère Emmanuel Macron ? De laisser les banlieusards se démerder tout seuls. Quand on veut, on peut. Chacun pour soi et l’Etat pour les plus riches, voilà sa philosophie profonde. Un pur libéralisme qui maquille son égoïsme et sa sauvagerie en jouant au sympathisant des indigènes de la République. Derrière sa sortie sur les « mâles blancs », mine de rien, le président vient de faire une belle économie sur le dos des banlieues. La République, elle, va le payer cher. [...]

On sait bien quels sont ceux qui avancent à chaque fois que l’Etat recule : les radicaux. En prime, le président leur offre une victoire sémantique : réduire le débat d’idées à l’origine de ceux qui les portent. Ce n’est plus la République du mérite mais celle des origines. Tout ce qu’il faudrait combattre, Macron le flatte. [...]"

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