Revue de presse

C. Fourest : "Amina dévoile l’injustice" (huffpostmaghreb.com, 5 juil. 13)

8 juillet 2013

"Elle a été digne et droite, comme nous la connaissons. Amaigrie par la fatigue. Après 43 jours passés dans une cellule bondée, avec plus de cinquante autres détenues, où la chaleur devient insupportable. Par la grève de la faim, qu’elle a mené quelques jours, pour protester contre les conditions dans lesquelles elle est incarcérée...

Officiellement. Pour avoir tagué le mot FEMEN sur un muret. Un motif absurde, dérisoire et qui ne justifie bien entendu absolument pas un tel traitement, sauf dans une dictature. A quoi joue donc la justice tunisienne ? A un procès très politique en réalité. Où le délit d’opinion est déguisé en droit commun. Comme pour certains rappeurs, bizarrement tous ciblés par des contrôles au cannabis quand ils se mettent à écrire des textes politiques. Comme Jabeur Mejri et Ghazi Beji, condamnés — pour avoir écrit un pamphlet prônant l’athéisme sur Internet — à sept ans de prison ferme pour "trouble à l’ordre public". Qu’ont ils fait ? Attaquer une ambassade ? Un cinéma ? Menacer de mort une jeune fille ? Menacer de tuer un opposant au gouvernement ? Ah non pardon, ça ce sont les intégristes qui courent les rues en toute liberté.

Ceux qui menacent d’égorger Amina et ne sont pas inquiétés. Ceux qui passent à l’acte, à l’attaque, et n’écopent que de peines de sursis... Amina n’a jamais été protégée par la police de son pays lorsque les menaces ont plu sur elle pour avoir posté une photo torse nue contre le sexisme sur Facebook. Par contre, on la persécute pour détention d’un "spray d’auto-défense" (l’objet de son procès d’hier). Quel monde à l’envers... Et ce n’est qu’une infime partie des charges qui pèsent sur elle. Elle risque de six à douze ans de prison pour "atteinte aux bonnes mœurs" et "association de malfaiteurs".

Le premier motif est tombé puisqu’il repose sur trois témoins qui ont menti, en prétendant qu’Amina s’était dénudée, et qui se sont depuis rétractés. Le second, utilisé par Ben Ali pour maintenir les islamistes ou les opposants démocrates en prison sans date de procès, signe ce procès politique et l’absence d’un Etat de droit en Tunisie, même après la révolution. Les méthodes sont les mêmes. Seules les cibles ont changé. Voilà pourquoi Amina est devenu un symbole aujourd’hui, de tout ce qui continue d’y ronger la démocratie. Voilà pourquoi son geste commence enfin à être compris. [...]"

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