Revue de presse

C. Fleury : "La laïcité n’a pas encore dit son dernier mot" (L’Humanité, 11 av. 14)

14 avril 2014

"Même si la laïcité à la française est loin d’être majoritaire en Europe, il existe pourtant un autre territoire, certes francophone et non européen, qui revendique une laïcité plus normative que permissive : le Québec. Récemment encore, sortant de la crise des «  accommodements raisonnables  », et en pleine campagne législative, le Québec est au cœur d’une controverse sur la laïcité, via la possible adoption d’une charte des valeurs dans laquelle il s’agit de modifier la Charte québécoise des droits et libertés de la personne pour inscrire la neutralité religieuse de l’État, ainsi que le caractère laïque des institutions publiques, et de s’assurer que les demandes d’accommodement respectent l’égalité entre les hommes et les femmes. Le texte évoque aussi un devoir de réserve et de neutralité pour le personnel de l’État, la prestation des services de l’État à visage découvert, le port des signes ostentatoires de religion interdit pour les employés d’État dans toutes sortes d’organismes publics (écoles, universités, municipalités, hôpitaux, etc.). Concernant le crucifix de l’Assemblée nationale, le projet de loi donne aux députés le pouvoir d’approuver ou non la présence d’un symbole religieux dans leurs locaux.

Le numéro 25 de la revue Diasporiques. Cultures en mouvement consacré à la notion de laïcité (mars 2014) revient, en amont de l’anniversaire des cent cinquante ans de la Ligue de l’enseignement (2016), sur les enjeux d’un tel débat, en France et en Europe, où les situations sont multiples. Pour ne citer que quelques exemples : en Irlande, Dieu est mentionné dans la Constitution ; en Italie, et dans onze pays européens, la séparation des religions et de l’État n’empêche pas d’avoir un concordat avec le Vatican ; le Danemark et Malte ont une religion d’État, le Royaume-Uni a une religion instituée. En Europe, l’article 17 du traité de Lisbonne prévoit d’ailleurs que les instances dirigeantes de l’Union assurent un dialogue régulier avec les organisations religieuses et non confessionnelles.

Faut-il alors préférer un autre terme que celui de laïcité et promouvoir le concept d’interconvictionnalité, s’interroge la revue, pour associer libertés de croire et de ne pas croire ? Faut-il parler de «  laïcité plurielle  » pour mieux souligner «  la volonté d’agir contre toutes les prétentions cléricales, dogmatiques ou uniformisantes  » ? On se rappelle les débats liés à cette dénomination qui semblait trop éloignée des fondamentaux de la loi de 1905, bien que le terme «  laïcité  » n’y soit pas mentionné, à proprement parler (il faut attendre le préambule de 1946, et l’article 1er de la Constitution de 1958).

En France, la solution des «  accommodements raisonnables  » n’a semble-t-il pas pris. On peut saluer les initiatives de chartes d’entreprises qui ont à cœur de défendre la laïcité dans l’univers privé. Avec ses 3 750 salariés («  de 52 appartenances ethniques  » différentes), Paprec vient d’innover, en adoptant une charte qui bannit tout signe de particularisme religieux au sein de l’entreprise. Preuve que la laïcité n’a pas dit encore son dernier mot."

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