Culture / Cinéma

Bac Nord - Une histoire de "flics", qui tourne mal (G. Durand)

par Gérard Durand. 31 août 2021

[Les échos "Culture" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Bac Nord, de Cédric Gimenez (1 h 44), avec Gilles Lellouche, Karim Leklou, François Civil. Sorti le 18 août 21.

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Le schéma est classique, on le trouve dans tous les conflits, dans toutes les guerres. Il y ceux du front, qui font face à la violence tout en essayant d’en sortir indemnes, et à l’arrière les bureaucrates, bien protégés dans leurs fauteuils, qui tirent les ficelles. A la fin c’est toujours ces derniers qui gagnent, surtout si un vrai problème surgit. Comment leur en vouloir ? Ils n’ont rien vu, rien entendu et ignoraient tout du comportement de leurs troupes.

Bac Nord se situe bien dans ce cadre. C’est l’histoire, pas tellement éloignée du réel, d’une équipe de trois flics chargés d’agir dans les quartiers Nord de Marseille. Pas question de faire dans la dentelle, il faut faire du chiffre, rentrer au commissariat sans que l’officier puisse mettre au moins un bâton dans la case du jour est très mal vu, par l’officier lui-même mais aussi par le commissaire et le préfet. Alors, nos patrouilleurs se débrouillent comme ils peuvent, si l’un de leurs coups échoue, il y aura toujours un indic pour leur dire où ils pourront trouver quelques grammes de shit pour que la hiérarchie puisse mettre ses petits bâtons dans les cases.

Mais arrêter quelques petits revendeurs cesse de les intéresser. Ils rêvent du grand coup, faire tomber les gros caïds. L’une de leurs indicatrices leur en donne la possibilité. Le problème, c’est qu’elle pose ses conditions et qu’il leur faudra quelques moyens pour les réunir. Bien entendu, leur officier les refuse et, comme d’habitude, les laisse se débrouiller. Contre toute attente, ils y parviennent et l’opération réussit.

C’est après ce moment de fête que le film bascule. En se « débrouillant » nos trois lascars ont piétiné quelques règles et se trouvent embarqués par leurs collègues de l’IGS (la police des polices). Accusés de trafic de drogues, devant le juge ils sont lâchés par tous les témoins, et tout particulièrement par leur officier, celui que leur chef d’équipe prenait pour un ami. On les envoie en préventive, c’est-à-dire au beau milieu de ceux qu’ils ont arrêté. Dire qu’ils le vivent mal serait une litote. Je n’en dirai pas plus sur la fin du film, sauf qu’il se termine moins mal que ce que l’on pouvait craindre.

Tout est inspiré par une histoire vraie, vécue dans ces mêmes quartiers Nord. Les acteurs sont remarquables et le spectateur emporté par le rythme n’a pas une minute pour souffler. S’il est évident que nous sommes bien devant une fiction, la réalité n’est jamais loin. Zones entièrement contrôlées par la pègre, populations entières ne vivant que des trafics, absence totale des autorités et politique du « pas de vagues » à tous les niveaux. Absurdité totale de la politique du chiffre mise en place par un ministre de l’Intérieur mal inspiré, et que les derniers présidents ont maintenue contre tout bon sens et l’échec patent d’une démarche purement technocratique.

A voir pour passer un très bon moment.

Gérard Durand


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