Revue de presse

"Alexis de Tocqueville, la tyrannie de l’individualisme et du conformisme" (Le Figaro Magazine, 15 juil. 22)

25 juillet 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Alexis de Tocqueville, qui a compris avant les autres que le conformisme pouvait, au nom du Bien, devenir un outil d’asservissement et d’intolérance."

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"[...] Il a été un des premiers, en étudiant les mœurs américaines, à comprendre que l’individualisme anomique de nos sociétés démocratiques les conduirait à de nouvelles formes de tyrannie : un conformisme intolérant, encore plus féroce car inculte, sans nuance, agissant au nom même de la tolérance. Le visage pur et glacial du « camp du Bien ».

« Dans les sociétés démocratiques, écrit-il dans un texte qui résonne si fortement aujourd’hui, la tyrannie de l’opinion ne frappe pas le corps (comme l’absolutisme), elle va droit à l’âme. Elle dit : vous êtes libre de ne point penser ainsi que moi ; votre vie, vos biens, tout vous reste ; mais de ce jour, vous êtes un étranger parmi nous. […] Vous resterez parmi les hommes mais vous perdrez vos droits à l’humanité. Quand vous vous approcherez de vos semblables, ils vous fuiront comme un être impur ; et ceux qui croient à votre innocence, ceux-là mêmes vous abandonneront car on les fuirait à leur tour. Allez en paix, je vous laisse la vie, mais je vous la laisse pire que la mort. » [...]

Les écrits de Tocqueville ont été heureusement utilisés par le législateur au moment de la rédaction de la grande loi sur la presse de 1881. Car Tocqueville reste sur ce point plus que visionnaire. Il rappelle qu’il faut défendre la liberté de la presse, malgré des abus dont il ne nie pas l’existence. Mais c’est le prix à payer de la liberté. « J’avoue, écrit-il avec audace, que je ne porte point à la liberté de la presse cet amour complet et instantané qu’on accorde aux choses souverainement bonnes de leur nature. Je l’aime par la considération des maux qu’elle empêche bien plus que pour les biens qu’elle fait. Si quelqu’un me montrait, entre l’indépendance complète et l’asservissement entier de la pensée, une position intermédiaire où je pusse espérer me tenir, je m’y établirais peut-être ; mais qui découvrira cette position intermédiaire ? » [...]"

Lire "Alexis de Tocqueville, la tyrannie de l’individualisme et du conformisme".


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier Le Figaro Magazine « Les prophètes des temps modernes » (juil.-août 22) (note du CLR).


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