Comité Laïcité République - La laïcité n’est pas une opinion, c’est la liberté d’en avoir une

La laïcité n’est pas une fin en soi ; mais un levier, le moyen de réaliser l’égalité femme-homme en droits et en dignité.

La République est une méthode, la laïcité est son modus vivendi. Elle est le moyen extraordinaire de rétablir du politique, de l’union, de le réflexion, de l’intérêt général. Nous refusons d’être plus exigeants en droit et en dignité pour ceux qui nous ressemblent, et moins pour ceux qui ne nous ressemblent pas, la tolérance n’est alors qu’un faux nez de la condescendance.

Nous devons Réfléchir au sujet principal : l’universel, l’arbitrage et la dignité de l’humain.
Les droits universels sont le fruit d’un long combat politique, qu’ils soient apparus en premier en Europe ne veut pas dire qu’ils doivent ne s’appliquer qu’aux Européens ou qu’en Europe.

Quand un chantre du multiculturalisme comme Parek Bikhu liste des traits typiquement orientaux qui ne peuvent donc s’appliquer à l’Orient : « la raison scientifique, le manque de respect envers la religion et l’égalité femme-homme ». Qu’est ce que cela dit de la vision de l’Orient ? Considérons l’étape suivante : on ne peut attendre que ces traits s’observent en Orient...on ne peut attendre que les Orientaux les respectent en Occident... suis je moins attachée que vous, dois je moins défendre l’égalite femme-homme que vous parce que je n’ai pas votre couleur ? Née en France de parents Algériens, fille unique avec 7 frères, ja’i compris très tôt qu’il y avait des inégalités.. dans la répartition des tâches ménagères, des droits, des obligations. Je ne savais pas mettre un mot dessus, je savais juste que c’était injuste et insupportable. Je sais maintenant que cela s’appelle le patriarcat. Celui qui est le seul autorisé à persister par celles-là memes qui combattent son pendant occidental.

Non, l’égalité femme-homme n’est pas une spécificité occidentale. Elle est universelle. Et comme le dit Wassyla Tamzali, le féminisme a permis de renouveler le contenu et l’horizon de l’universalisme. Ces attaques ne sont pas nouvelles : Déjà, en 1957, Romain Gary défendait ce qu’il appelait la « marge humaine, un asile pour nous garder à la fois de nos erreurs et de nos vérités ». « Ces droits qui depuis longtemps auraient dû être dépolitisés et mis à l’abri dans cette marge humaine où il ne devrait plus rien leur arriver, ces droits sont présentés comme des anachronismes, des survivances d’une époque politique révolue et dont nous ne pouvons plus nous embarrasser dans notre marche vers le progrès. »

Suis je bête... Je cite un homme. Pas tout à fait blanc, certes, en tous cas, sa blanchité et sa francité ont fait l’objet de débat à l’époque... Je peux m’identifier à lui parce qui est grand, beau, digne est universalisable. Comme la culture chere Ariane Mouchkine. Laissons les pedigree et la pureté de la lignée de la race aux concours canins.
L’émancipation n’est pas un prêt à penser, un kit, c’est un effort, qui doit être individuel et collectif. Qui conduit à penser par soi même, contre les autres, et aussi contre soi même, pour pouvoir arbitrer et dire que c’est un choix.

Laissez nous le droit d’évoluer. Pas pour vous ressembler. Pas pour vous flatter. Mais pour faire disparaitre ce vous et nous et conquérir et exercer ensemble le fruit de nos combats. Je voudrais conclure avec Wassyla Tamzali : « Comment, et ou, pouvons nous trouver le droit d’être des hommes et des femmes libres, sinon dans la résistance à notre culture, à nos traditions religieuses quand elles sont contraires à ces principes ? A qui avez vous vous mêmes arraché ces droits, sinon à vos Eglises, votre religion, votre culture, vos traditions ? »
Si vous avez besoin de connaître la couleur et la culture des personnes pour mesurer la qualité et la légitimité des propos tenus, vous êtes déja hors la Marge humaine. La laïcité est notre patrimoine politique le plus précieux. C’est pourquoi, en tant que reférente laïcité et citoyenneté de mon collège, je mènerai comme projet avec une classe de troisième la soumission à l’Unesco de l’inscription de la laïcité au patrimoine universel de l’humanité.

Fatiha Boudjahlat