Revue de presse

"Tunisie : la révolte des non-jeûneurs du Ramadan" (marianne.net , 17 juil. 13)

18 juillet 2013

"A l’heure où les manifestations font rage, le berceau du printemps arabe connaît l’éveil de nouveaux indignés ; ces « faters » du ramadan qui depuis le début de la fête religieuse, la semaine dernière, revendiquent leur droit de ne pas jeûner, via Google, Twitter et Facebook.

Le 10 juillet dernier, date du début du ramadan, un groupe de jeunes tunisiens s’est emparé de la toile pour revendiquer leur droit à ne pas jeûner, dans un pays ou Etat et religion sont étroitement liés. À l’origine de cette vague de résistance, les menaces d’Adel Almi, président de l’association « centriste » pour la sensibilisation et la réforme, proche du parti islamiste Ennahda, qui a fait savoir qu’il souhaitait que les « fattaras » (les non-jeûneurs) soient pris en « flagrant délit ».

Dès lors, un groupe Facebook a été crée, regroupant les photos des « pêcheurs » en action, sirotant des cafés sur les terrasses ensoleillées, cigarettes au bec, ou engloutissant leurs gâteaux en plein milieu de l’après-midi. Sur Twitter, un hashtag #fater « ne pas jeûner » permet aux internautes concernés d’indiquer les restaurants et les cafés ouverts durant la journée pour se regrouper. Un google Map, créé par la bloggeuse Myriam Karoui (@Myriii), recense quant à lui les différents lieux de restauration ouverts au public.

L’opération est un franc succès puisque le mot clef est utilisé plusieurs dizaines de fois par heure en Tunisie (également en Algérie). En revanche, elle a suscité nombre de réactions hostiles. Des internautes réfractaires ont en effet apporté leur soutien au ministre des affaires religieuses, Nourddine Kadhemi, qui souhaite la fermeture de certains lieux de restauration. L’initiative des faters « va à l’encontre des sentiments des gens et à l’encontre de l’identité du peuple tunisien ainsi qu’à la sacralité de ce mois… » avait-il récemment déclaré sur Radio Mosaïque FM. Néanmoins, les restaurants et cafés des zones touristiques ne sont pas concernés, a affirmé lundi 8 juillet, à l’agence TAP, le ministre du Tourisme, Jamel Gamra, de manière à garantir le bon déroulement de la saison touristique.

Rien ne garantit pour l’heure que le système restera actif. Des détracteurs ont ainsi d’ores et déjà commencé à saboter le Google Map des faters, révélant à la fois l’emprise de la religion sur l’Etat tunisien et le rôle joué par internet : une échappatoire pour ceux qui souhaitent en découdre. [...]"

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