Revue de presse

"Sushmita Banerjee, une ennemie des talibans assassinée" (liberation.fr , 6 sept. 13)

8 septembre 2013

"L’écrivaine indienne avait choisi de retourner vivre en Afghanistan avec son mari, malgré les persécutions subies dans les années 90.

L’écrivaine indienne Sushmita Banerjee avait fait un pari très dangereux : retourner auprès de son mari en Afghanistan après avoir écrit un best-seller devenu un film à succès relatant sa vie sous le régime des talibans et les persécutions qu’elle avait alors endurées avant de réussir à s’enfuir. Installée depuis peu dans la province pachtoune du Paktika (est du pays), où elle travaillait dans une clinique, elle a été kidnappée mercredi soir à son domicile et assassinée peu après. Son corps a été retrouvé, jeudi, criblé d’une vingtaine de balles selon la police – qui accuse les talibans –, près d’une école coranique, à trois kilomètres de la maison qu’elle occupait, dans un compound de Kharana.

Jaanbaz Khan, homme d’affaires et mari de Sushmita Banerjee, a raconté à Reuters qu’il avait ouvert sa porte à deux assaillants masqués qui l’avaient aussitôt frappé et ligoté avant de s’emparer de sa femme. Agée de 49 ans, celle-ci était une auteure réputée en Inde, notamment à Calcutta où elle vivait. Selon le quotidien indien Deccan Herald, elle avait connu le succès avec un récit autobiographique dans lequel elle racontait les atrocités commises par les talibans et sa romanesque fuite en 1995 du village où elle vivait avec son mari depuis 1989. Elle y avait fondé un dispensaire médical qu’elle avait été dû quitter à l’arrivée des talibans. Dans son livre A Kabuliwala’s Bengali Wife, elle racontait sa vie au jour le jour et comment elle avait été fouettée pour avoir refusé de porter le tchadri (le grand voile afghan qui enveloppe complètement le corps, ne tolèrant qu’une grille au niveau des yeux). Elle avait aussi défrayé la chronique en évoquant par le menu sa vie intime avec ce même époux qu’elle avait rencontré en Inde et pour lequel elle s’était convertie à l’islam.

Son livre, paru en 2000, avait ensuite été adapté par Bollywood, sous le titre Sauvée des talibans. « Ma sœur avait décidé de revenir en Afghanistan après que Jaanbaz l’a convaincue que la situation avait changé et qu’aucun mal ne lui serait fait. Nous l’avions mise en garde mais elle était déterminée », a déclaré à l’AFP son frère, Gopal Banerjee. L’auteur indien Subodh Sarkar, un de ses proches amis, l’avait aussi prévenue qu’elle risquait d’être la cible des talibans : « Je lui avait dit, lorsqu’elle a exprimé son désir de repartir, que les talibans la tueraient. Elle ne nous a pas écoutés. Nous avons perdu une auteure rebelle. » Cet assassinat fait suite à une série de crimes visant les femmes commis ces derniers mois par les talibans, dont le meurtre d’une célèbre officier de police de Kandahar en juillet et le kidnapping d’une députée, Fariba Ahmadi Kakar, en août.

Les rebelles talibans ont nié vendredi toute implication dans ce meurtre."

Lire "Sushmita Banerjee, une ennemie des talibans assassinée".


Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris

Tous droits réservés © Comité Laïcité RépubliqueMentions légales