Revue de presse

"Séparatisme islamique : le projet d’école nationale des imams relancé" (la-croix.com , 25 fév. 20)

26 février 2020

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Par Bernard Gorce

"Le groupe de travail d’élus LREM sur la question du séparatisme islamique propose d’organiser la formation des imams dans le respect de la loi de 1905.

Après un premier rapport d’étape présenté en janvier, les députés de la majorité qui travaillent sur la question du « séparatisme islamique » – selon la terminologie fixée par le chef de l’État – ont présenté, mardi 25 février, de nouveau éléments de leur réflexion.

Le groupe de travail insiste sur la création d’un « centre de formation indépendant de type école nationale de théologie musulmane ». Cette idée était déjà présente dans leur précédente contribution mais depuis la prise de parole du président de la République, elle fait désormais l’objet de priorité.

Lors d’un déplacement à Mulhouse, le 18 février, Emmanuel Macron avait annoncé la fin du dispositif des imams détachés, environ 300 ministres du culte envoyés en France par leurs pays d’origine. Les accords avec l’Algérie et le Maroc et des pourparlers avec la Turquie devraient permettre de mettre un terme à cette pratique en 2024. D’ici là, la France a un peu de temps pour former des imams qui pourront prendre le relais.

Les élus LREM proposent dans cette perspective la création d’une école nationale sans toucher au principe de séparation de la loi de 1905, précise le député Florent Boudié. Une « structure juridique souple » permettrait de réunir les deux piliers de cette formation : un enseignement profane (approche civique, historique…) dispensé par l’État et une formation théologique prise en charge par les instances représentatives musulmanes.

À charge pour le Conseil français du culte musulman (CFCM) de faire des propositions sur l’organisation d’une telle formation. L’enjeu n’est rien d’autre que « la contre-offensive théologique dans la lutte contre les fondamentalismes », souligne Florent Boudié. Mais « nous ne pourrons le faire qu’avec l’ensemble des musulmans » assure-t-il pour écarter toute velléité de mainmise de l’État sur l’islam. « Rien ne serait pire » que cette école soit considérée « comme l’outil de la République contre une partie des musulmans », insiste l’élu.

La commission Stasi, en 2003, proposait déjà une école nationale mais « d’études islamiques » et non pas de « théologie musulmane » comme l’envisagent les députés. Il s’agissait alors, dans une perspective scientifique et non pas cultuelle, de permettre la diffusion des connaissances sur la culture et les sociétés islamiques, notamment à destination des professeurs amenés à enseigner le fait religieux.

Outre cette proposition, le groupe de travail se prononce aussi pour un renforcement du contrôle des financements des associations et de l’encadrement des écoles hors contrat. Les élus préconisent notamment d’interdire la création d’écoles confessionnelles sans autorisation préfectorale. Ils proposent aussi la création d’un « fichier national répertoriant les enfants déscolarisés ».

Face aux risques de fractionnement de la société, le député Francis Chouat estime que le débat s’est brouillé, ces dernières années, avec des concepts comme ceux de « laïcité bienveillante » ou de « société multiculturelle ». Ce qu’il s’agit d’engager, c’est une « reconquête républicaine » qui tient dans l’équilibre entre lutte contre les dérives intégristes et engagement de l’État aux côtés des musulmans. L’objectif, souligne ce proche de Manuel Valls, n’est pas de « tenir à distance l’islam de la République », mais de « contribuer à créer les conditions pour que l’islam soit dans la République comme un poisson dans l’eau »."

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