Communiqué du CLR

Référendum en Corse : Le Comité Laïcité République se félicite de la victoire du "Non" (10 juil. 03)

août 2003

Non seulement la Corse refuse de déchoir de partie intégrante de la République au statut de vague dominion avec assemblée coloniale, mais elle rejette le processus de décentralisation et d’expérimentation visant à ruiner l’unité républicaine.

Si ce référendum local avait interrogé l’ensemble du Peuple souverain, il est vraisemblable que le rejet aurait été plus ferme encore. L’indivisibilité de la République ne permet qu’une alternative : ou la Corse est une Nation et elle doit être indépendante, (quitte à devenir une banque off-shore, bétonnée sur le tour, livrée pour le reste aux jeu des mafias et des notables) ; ou la Corse est une part de la Nation française et elle participe à égalité de droits et de devoirs à sa destinée.

Ce vote est une grande victoire pour la République, mais la vigilance est de mise, car gageons que les attaques contre elle ne vont pas s’arrêter là...

Non à la collusion entre politiques et médias

Une fois de plus, la collusion entre politiques et médias qui prétendent penser juste à la place des citoyens, rencontre le désaveu populaire. Plus d’un an après le 21 avril, nos « élites » n’ont toujours pas compris qu’on ne dictait pas ses décisions au Peuple, en laissant constamment entendre que seuls les imbéciles et les ringards ne se conforment pas au prêt-à-penser de la bonne gouvernance.

Le président de la République, légitimement élu pour contrer l’extrême-droite, le parlement légitimement élu pour mettre fin à la grotesque cohabitation, ne peuvent s’obstiner à appliquer une politique illégitime, puisque contraire aux vœux de la Nation.

Le non de la Corse est une manifestation de plus qui fait suite au grand mouvement social des derniers mois, lequel fut des plus virulents en Corse même. Le gouvernement peut opposer au résultat du référendum la même surdité qu’il a montrée jusqu’à ce jour ; il peut rétorquer qu’il a manqué de « pédagogie », qu’il n’a pas su « expliquer ». Les grossières ficelles de la communication ne changeront pas la réalité : le Peuple ne veut pas être dépossédé du bien collectif que constitue son unité pour un destin solidaire, ni du bien commun que constituent ses services publics égalitaires.

Non à la France d’en-bas. Oui au Peuple !

Privé d’une représentation qui incarne sa volonté, privé d’une opposition qui exprime ses refus et ses aspirations, privé des grandes structures politiques et syndicales qui portent ses revendications, le Peuple qu’on appelle tantôt « France d’en-bas », tantôt « la rue » ne restera pas muet indéfiniment. Le non au référendum en est un exemple.

Thiers disait : « Je tiens pour très dangereux les hommes qui persuaderaient à ce peuple que ce n’est pas en travaillant, mais en se donnant de nouvelles institutions qu’il sera plus heureux ». Le premier ministre en exercice ne dit rien d’autre en son jargon de communiquant. Si le gouvernement persiste à ramener la Nation deux siècles en arrière, à méconnaître sa volonté, à détruire une à une les conquêtes sociales qui font précisément de cette Nation une République et non un conglomérat d’intérêts privés et contraires, alors il poursuivra une descente dont l’échec au référendum est la première étape.

Le Comité Laïcité République demande qu’il soit mis un terme au désastreux processus de décentralisation entamé par la modification de la Constitution et appelle à la tenue d’Etats-Généraux de la République afin que l’avenir de la Nation soit édifié conformément aux vœux du Peuple souverain.

CLR, 10 juillet 2003


Comité Laïcité République
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