Ligue du Droit international des femmes

"Radicalisation dans le sport amateur. A quand des actes à la hauteur des enjeux ?" (A. Sugier et J. Jappert, mediapart.fr , 19 oct. 15)

Annie Sugier, Présidente de la Ligue du Droit International des Femmes, Julian Jappert, Directeur du think tank Sport et Citoyenneté. 2 novembre 2015

"La presse s’est faite l’écho d’une note du Service Central du Renseignement Territorial, sur le prosélytisme islamique et sa radicalisation dans le sport amateur.

Faut-il s’en étonner alors que, depuis des décennies, les politiques de la ville ont construit l’intégration des jeunes des cités, les garçons essentiellement, à travers leur inscription dans des clubs sportifs, sans pour autant accompagner ces actions d’une pédagogie des valeurs du sport. Au premier rang de celles-ci : la règle de neutralité qui est une forme très stricte de la laïcité.

Le football, parce qu’il est le sport le plus populaire est particulièrement visé. Dans son livre Dieu football club, Nicolas Vilas [1], donne de multiples exemples d’immixtion de la religion chez les joueurs et même chez les arbitres. Il n’est sans doute pas anodin de noter que Chérif Kouachi, l’un des deux frères responsables de l’attaque de Charlie Hebdo, était un excellent joueur de football et avait suivi une partie de sa scolarité en sport-études avant d’obtenir son brevet d’éducateur…

N’oublions pas non plus que les instances internationales sportives, notamment le Comité International Olympique et nombre de fédérations internationales parmi lesquelles la FIFA ont déjà baissé la garde, acceptant de bafouer leurs règlements en autorisant le port du voile islamique par les athlètes féminines. Dans notre ouvrage Femmes voilées aux Jeux Olympiques  [2] nous avons mis en lumière les responsables de ces dérives.

Il est temps qu’au niveau national, les autorités politiques et sportives prennent la mesure exacte du phénomène sur notre territoire et lancent un programme d’action à la hauteur des enjeux.

Nous ne saurions nous satisfaire de la réponse que nous avait adressé, le 23 juillet dernier, le Secrétariat d’Etat aux Sports se référant au plan « Citoyens du sport » :

« La question des valeurs du sport y a naturellement sa place. Toutefois, la démarche ne consiste pas à imposer un liste voire une hiérarchie des valeurs. Pour mettre en place son propre plan « Citoyens du sport », chaque fédération mènera à cette occasion une réflexion sur les valeurs véhiculées par les pratiques qu’elle organise afin de les décliner dans ses actions quotidiennes et dans son fonctionnement » [3].

Réponse timorée et floue qui ne révèle pas une véritable volonté politique de passer un message clair. Or l’enjeu est national et international car la France s’apprête à organiser de grands évènements sportifs et souhaite accueillir les Jeux Olympiques de 2024. 

La parole des représentants français ne pèsera au niveau international que si nous sommes intransigeants sur notre propre territoire.

Annie Sugier, Présidente de la Ligue du Droit International des Femmes, membre du comité scientifique de Sport et Citoyenneté
et Julian Jappert, Directeur du think tank Sport et Citoyenneté.

Lire "Radicalisation dans le sport amateur. A quand des actes à la hauteur des enjeux ?".

[1Dieu Football Club, Nicolas Vilas, 2014, Ugo /Sport.

[2Femmes voilées aux JO, 2012, Jourdan ed.

[3Lettre de la LDIF et de Sport et Citoyenneté du 24 mars 2015 ; réponse du Secrétariat d’Etat aux sport du 23 juillet 2015.



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