Note de lecture

R. Cristin : L’action publique frappée d’impuissance (G. Durand)

par Gérard Durand. 10 décembre 2020

[Les échos "Culture (Lire, entendre & voir)" sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Régis Cristin, Le Crépuscule du modèle politique et administratif français, éd L’Harmattan, nov. 20, 100 p., 12 e.

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Régis Cristin est, entre autres choses, docteur en linguistique, enseignant universitaire spécialisé dans l’ingénierie de la formation. Le titre de son livre, un brin technocratique, ne présage pourtant en rien de son contenu. C’est un vrai brûlot qui démonte une à une des idées reçues ou situations acquises. Il se lit comme un dictionnaire de 49 articles dont chacun est intitulé à la manière des philosophes de l’antiquité ou du 18e siècle : De la démocratie, De l’éducation, etc….

Autant d’articles, autant de courts pamphlets, dont chacun frappe juste. Je n’en présenterai que quelques-uns.

Oui, dans notre pays l’action publique est frappée d’impuissance. Le quinquennat, dont on attendait beaucoup, a donné exactement l’inverse puisque ses promoteurs ont oublié que sous la Cinquième République le président a un pouvoir symbolique au moins aussi important que son pouvoir réel. Or nous avons vu les deux derniers présidents « quinquenaires » se mêler de toutes choses et traiter des dossiers normalement destinés à un sous-préfet. Démarche qui a fait perdre à la fonction toute valeur symbolique et toute hauteur de vue.

Oui, nous sommes sous le règne de l’inaction, Henri Queuille ne disait-il pas qu’« il n’existe pas de problème qui ne soit résolu par une absence de décision » ? De l’inconséquence, c’est le « responsable mais pas coupable ». De la persistance dans l’erreur que l’uniformisation des plus hauts responsables, politiques ou administratifs encourage. De l’incohérence et de l’indécision comme l’a amplement montré la crise sanitaire que nous traversons.

Oui, l’état est bien passé entre les mains de technico-médiacrates qui ne représentent plus qu’eux-mêmes et leurs intérêts de classe et de charges, sans le moindre souci de l’intérêt général. Elle a tellement perdu le sens du réel que, comme l’idée Hégélienne, elle surnage au-dessus d’un monde de souffrances et de douleurs qui ne l’effleure même pas.

Non, l’insoumission n’est pas une révolte dès qu’elle s’inscrit dans la mécanique du système ambiant. On peut donc se déclarer insoumis puisqu’on ne risque rien, cela peut même rapporter gros et l’on peut gager que les « insoumis » d’aujourd’hui n’hésiteront pas à soumettre ceux qui ne pensent pas comme eux si l’occasion leur en est offerte.

Oui, l’éducation nationale est un invraisemblable monstre bureaucratique, l’ensemble des services centraux et académiques emploie environ 200.000 personnes. Dans un système décentralisé et en prenant en compte le nombre d’habitants, la Suède en emploie environ 1.500. Le coût gigantesque de cette sur-administration permettrait de recruter en nombre des professeurs et de passer à 20 élèves par classe. Le pire est que les résultats obtenus par ce mammouth sont de plus en plus médiocres comme en atteste le classement international PISA qui voit le France perdre des places à chaque édition.

Non, la présence de l’Islam dans les pays occidentaux n’a rien d’une invasion, mais elle est la conséquence directe de la colonisation. Non encore si l’on considère que la colonisation est condamnable elle est très loin d’être un phénomène lié aux occidentaux, au plus loin que l’on remonte dans l’histoire de l’antiquité on trouve des peuples qui envahissent leurs voisins pour diverses raisons. Plus récemment les arabes, champions de l’esclavage, n’ont-ils pas envahi le Maghreb puis une grande partie de l’Espagne, alors qu’à la même époque les Incas asservissaient leurs voisins afin de constituer un immense empire. Voir aujourd’hui des hommes politiques s’agenouiller pour implorer le pardon est navrant.

En conclusion, l’auteur nous rappelle la définition du mot révolution : « mouvement circulaire par lequel un mobile revient à son point de départ ». Eh bien ce mobile pourrait bien être le chemin parcouru par le peuple français depuis 1789.

La lecture de ce livre est passionnante et entraîne le lecteur, d’accord ou non, dans une profonde réflexion.

Gérard Durand


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