Revue de presse

Pour interdire le FN, "Les 173 704 signatures de Charlie Hebdo" (liberation.fr , 12 sep. 96)

11 décembre 1996

"Le 26 avril, Cavanna, Val et Charb (trois piliers du journal Charlie Hebdo) débarquent en estafette dans une annexe du ministère de l’Intérieur. Dans leur coffre, des cartons remplis de signatures qu’ils apportent à un conseiller de Jean-Louis Debré. En huit mois, 173 704 personnes ont répondu à l’appel « pionnier » de l’hebdomadaire pour demander l’interdiction du Front national. Loin de l’anonymat des sondages ou de la sempiternelle discussion sur la montée du FN, ces milliers de signataires ont apposé leur nom, profession, adresse, au bas d’un texte réclamant « de dissoudre le Front national, cette ligue dont le but politique est de faire disparaître la République ». Adressé au président de la République et au ministre de l’Intérieur, la pétition est précédée des articles 1, 2, 4, 6 et 7 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen (elle constitue le préambule de la Constitution), avec lesquels « le Front national est en contradiction flagrante ».

Fin juin 1995, Cabu dessine, à la une de Charlie Hebdo, Jean-Marie Le Pen menottes aux mains entre deux policiers. En titre : « Que faire contre le Front national ? L’interdire ! » Dans son éditorial, Philippe Val s’interroge : « Au nom de quoi le Front national échapperait-il à la rigueur de la loi à laquelle il contrevient par les idées qu’il développe ? » Quelques semaines plus tard, l’équipe de Charlie retrouve ses lecteurs au Festival d’Avignon. Un gros encart est alors publié chaque semaine dans Charlie Hebdo. Les réponses affluent. Pas ou peu de noms connus. Aucun intellectuel ni habitué des prises de position anti-FN.

Au début de l’année, le rédacteur en chef de Charlie Hebdo, Philippe Val, adresse une lettre à tous les députés et sénateurs. Sans citer explicitement le FN, il leur demande « quelle attitude l’administration républicaine et les élus du peuple devraient-ils adopter face à un parti qui contreviendrait ouvertement aux articles 1, 2, 4, 6, 7 de la Déclaration des droits de l’homme [...]. Ne jugeriez-vous pas opportun de poser cette question au ministre de l’Intérieur lors des questions au gouvernement ? » Le sénateur Schumann (RPR) lui répond en demandant pourquoi on s’en prend ainsi aux gaullistes ! Finalement seuls Patrick Braouezec (PC) et Jean Glavany (PS) à l’Assemblée, et Marcel Bony (PS) au Sénat poseront une question à Jean-Louis Debré.

Au ministère de l’Intérieur, le conseiller du ministre qui a reçu Charlie Hebdo avait prévenu : « D’ici deux à trois mois, dès que votre pétition ne sera plus d’actualité, elle sera passée au pilon »."

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