Revue de presse

"Pologne : descente de Croix pour l’extrême droite catho" (J.-Y. Camus, Charlie Hebdo, 25 oct. 23)

(J.-Y. Camus, Charlie Hebdo, 25 oct. 23). Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l’extrême droite 31 octobre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Jean-Yves Camus

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"La Pologne a élu ses députés le 15 octobre et a mis fin au règne du parti conservateur illibéral Droit et justice (PiS). Bien qu’arrivée en tête (35,38 %) devant la Coalition ­civique (30,7%) qui rassemble derrière Donald Tusk les oppositions allant de la gauche aux libéraux affiliés au Parti populaire européen (PPE), la droite polonaise va devoir passer la main. Si ses adversaires s’unissent. Pour avoir une majorité, Tusk devra en effet gouverner avec les agrariens démocrates-­chrétiens (14,4 %) et les sociaux-démocrates de la Nouvelle gauche, bonne surprise de ce scrutin (8,61 %).

Plusieurs facteurs ont favorisé l’alternance. D’abord, une participation en hausse de 12,7 %, exprimant une volonté de chasser le PiS. Ensuite, la neutralisation de 7,16 % du vote droitier par la Confédération, un bloc ultranationaliste opposé au gouvernement sortant, jugé inféodé à l’Otan, trop favorable à l’Ukraine et trop dispendieux des deniers publics pour s’attacher les votes des retraités et des ruraux. Inférieur aux prévisions des sondages qui l’ont donnée jusqu’à 11 %, le score de la Confédération laisse les coudées plus franches au futur gouvernement pour être en soutien à Kiev.

Une carte du vote étonnante

Le plus fascinant reste l’examen de la carte du vote. L’opposition au PiS ­domine à l’ouest, d’une ligne qui part vers les villes de Zielona Góra, à la frontière allemande, et de là vers Katowice, dans le Sud, proche de la République tchèque. Varsovie vote à gauche, mais Cracovie est très partagé. La droite illibérale est par contre majoritaire dans la partie centrale et orientale du pays : plus on avance vers la frontière ukrainienne et les Carpates, au sud, plus le PiS cartonne. C’est la région la plus rurale, la plus âgée, la plus catholique de la Pologne. Plus fascinant encore : la partie du pays qui fut prussienne est moins conservatrice que le coeur de la Pologne historique, qui fut incorporé à l’Empire russe, et que la partie annexée par l’Empire austro-hongrois.

Sociologiquement, ce sont les jeunes de 18 à 29 ans qui ont fait la différence, avec 68,8 % de votants, contre 46,4 % en 2019. Parmi eux, le vote pour le PiS est passé de 26,3 % en 2019 à 14,9 %, soit de la première place à la dernière. Sauf à ce que la Confédération retourne sa veste et accepte de soutenir le PiS, celui-ci va quitter le pouvoir. Mais il faut pour cela que le Premier ministre choisi par le chef de l’État obtienne une majorité absolue au Parlement. D’où des tractations pas évidentes en vue."


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