Revue de presse

Patrick Pelloux : "Sur la laïcité, il y a une facilité des directeurs d’hôpitaux à laisser faire" (Marianne, 28 mars 24)

(Marianne, 28 mars 24). Patrick Pelloux, médecin, président du jury du Prix de la Laïcité 2022. 2 avril 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Deux ans après la remise d’un rapport sur les atteintes à la laïcité à l’hôpital, rédigé par ses soins, l’urgentiste Patrick Pelloux déplore le manque d’actions du ministère de la Santé pour enrayer le problème.

Propos recueillis par Hadrien Brachet

Marianne : Deux ans après la remise de votre rapport, avez-vous le sentiment que le ministère de la Santé en a tenu compte ?

Patrick Pelloux : Absolument pas. Au cours du passage de François Braun au ministère de la Santé [juillet 2022-juillet 2023], on m’a laissé attendre. Ensuite, son successeur, Aurélien Rousseau, voulait absolument relancer le chantier de la laïcité, en l’étendant au monde libéral, aux cliniques, aux Ehpad. Nous avons eu une réunion de travail.

Mais, depuis qu’il est parti, tout s’est écroulé. J’ai contacté le cabinet de Frédéric Valletoux, ministre délégué chargé de la Santé, et je n’ai pas eu de réponse. La laïcité n’intéresse plus. Un exemple : je recommandais dans le rapport de rendre obligatoire pour tous les personnels de santé la signature de la charte de la laïcité. Or, pour l’instant, cela n’a été décidé que pour les médecins étrangers.

Pourtant, le ministère de la Santé assure avoir, par exemple, clarifié les missions des aumôniers hospitaliers ou développé la Journée de la laïcité dans les établissements. N’est-ce pas la preuve que vos recommandations ont été prises en compte ?

Les Journées de la laïcité, ce n’est pas distribuer des cartes postales ! Nous avions suggéré dans le rapport la mise en place de systèmes de signalements plus rapides aux autorités de santé. Cela n’a pas été fait. Concernant les aumôneries, je m’étais fait le messager d’un préfet qui estimait qu’il fallait examiner le financement des organisations qui interviennent à l’hôpital. Cela n’a pas non plus été fait.

Les autorités ont pris dans le rapport ce qui leur allait bien pour ne rien changer. C’est le célèbre « pas de vagues » ! Sans oublier qu’il y a une facilité des directeurs d’hôpital à laisser faire.

Que répondez-vous à ceux qui vous accusent de dramatiser la situation ?

Ce sont des gens qui ne veulent pas voir les attaques contre la laïcité. C’est un peu comme regarder une rue calme du XVIe arrondissement et dire qu’il n’y a pas de problèmes en France.

Je rappelle que le rapport a été lancé après que j’ai reçu une alerte, fin 2019, à propos d’un médecin radiologue d’un hôpital à Orléans qui faisait dire la prière trois fois par jour aux soignants de son équipe. Dans notre pays, ce n’est jamais le moment de parler des problèmes, que ce soit la laïcité ou la faillite du service public.



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