Revue de presse

"Offensive des pays conservateurs sur les droits des femmes en Europe et dans le monde" (lemonde.fr , 8 mars 14)

11 mars 2014

"C’est à une épreuve de force peu visible mais intense que se livrent progressistes et conservateurs autour des « droits sexuels et reproductifs » des femmes (et notamment du droit à l’avortement), ainsi que les qualifient les conventions et textes internationaux. Alors que doit se réunir pour deux semaines, à partir du lundi 10 mars, au siège des Nations unies, à New York, la Commission du statut des femmes, chargée notamment d’évaluer progrès et défis au niveau de l’égalité entre femmes et hommes, l’inquiétude est réelle dans le camp des pays les plus progressistes.

« On assiste à une coalition objective des conservateurs de toutes obédiences et ces pays s’opposent à tout progrès en matière de droits des femmes, estime Najat Vallaud-Belkacem, la ministre française des droits des femmes, attendue à New York lundi. Il ne s’agit pas seulement de positions religieuses, mais d’une intolérance à ce que le droit international fixe des règles. »

De fait, plusieurs textes internationaux sont en cours de révision. Les Nations unies préparent ainsi pour 2015 une conférence « Pékin + 20 », destinée à réactualiser les objectifs fixés par la conférence de Pékin en 1995, parmi lesquels l’élimination de toute forme de discrimination, la garantie des droits à la santé et à l’éducation ou encore de ceux liés à la procréation. Dès septembre, doit avoir lieu, à New York, une réunion « Le Caire + 20 », censée réviser des objectifs liés au développement humain et aux dynamiques de population, intégrant en particulier les droits reproductifs et l’égalité entre femmes et hommes. La 3e conférence internationale sur la population et le développement s’était tenue dans la capitale égyptienne en 1994.

« Il s’agit, plus globalement, de redéfinir les Objectifs du millénaire pour le développement, dont la date butoir est 2015, à travers les nouveaux Objectifs du développement durable pour la période 2015-2030 », explique Nicolas Rainaud, chargé de plaidoyer à Equilibres & Populations, organisation non gouvernementale travaillant à l’amélioration des conditions de vie et du statut des femmes. Dans les enceintes onusiennes, le thème qui crée le plus de tensions diplomatiques est toujours celui lié aux droits sexuels et à la santé reproductive. Certains pays ne veulent pas entendre parler de “droits”. »

Alors que, sur ces questions, des progrès avaient été enregistrés ces dernières années, la tendance semble aujourd’hui à la stagnation, voire à la régression. Il n’est même pas certain qu’un nouveau texte sera soumis à la conférence « Le Caire + 20 ». Il pourrait n’y avoir qu’un simple état des lieux, région par région, sans nouveaux objectifs.

En Europe, la Pologne et Malte sont les plus réticents. La Russie et la Hongrie freinent également, ce qui était aussi le cas de l’Irlande jusqu’à récemment. Le Vatican, selon les spécialistes du dossier, est à la manoeuvre. Une offensive religieuse relayée par les pays musulmans les plus intégristes, dans le Golfe comme en Afrique.

Cette bataille sur les textes se traduit dans les faits, à des degrés divers. En Espagne, le gouvernement tente de revenir sur le droit à l’avortement. En France, les oppositions au mariage pour tous se sont fortement exprimées dans la rue. En Ouganda, une loi antihomosexualité particulièrement dure a entraîné une réaction de la communauté internationale ainsi que le report d’un prêt de la Banque mondiale. [...]"

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