Note de lecture

Miguel Bonnefoy - Un roman poignant, qui témoigne de l’histoire universelle de l’exil, du déracinement (S. Mayol)

par Samuel Mayol. 11 mars 2021

[Les échos "Culture" sont publiés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Miguel Bonnefoy, Héritage, éd. Rivages, 2020, 256 p., 19,50 €.

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Enorme coup de cœur pour cette formidable saga familiale franco-chilienne.

Dès les premières pages, le charme opère, sur les pas du patriarche, Lonsonier, qui fuit les coteaux du Jura ravagés par le phylloxéra avec l’unique cep de vigne survivant, pour le replanter au Chili et faire renaître l’héritage familial tout en créant une nouvelle lignée que l’on suivra sur quatre générations.

Miguel Bonnefoy est un conteur fabuleux, et à travers l’aventure extraordinaire de ces Français au Chili, il raconte à merveille l’histoire universelle de la migration, de l’exil, du déracinement. Il décrit avec force le dialogue qui naît entre deux cultures, le destin qui unit deux peuples. A l’heure des crises migratoires, il rappelle que des Français aussi ont été des migrants.

Les personnages de cette mythologie familiale sont campés avec bonheur, tous marquants, tous ballotés par les jeux du destin et du hasard mais tous avec leur libre arbitre.

Chaque génération est confrontée à un dilemme, un questionnement, chaque personnage a un choix à faire qui va finir par déterminer son descendant dans une sorte de mécanique atavique implacable.

Des tranchées de la Somme aux batailles aériennes entre la Royal Air Force et les Messerschmitt, Lazare et sa fille Margot sont emportés par le tourbillon des deux guerres mondiales dont l’absurde ressort plus que jamais avec ces soldats qui se battent pour une terre qu’ils n’habiteront jamais, contre des voisins issus de l’immigration allemande.

Puis c’est le fils de Margot, Ilario Da, militant d’extrême gauche pro-Allende qui traverse la dictature de Pinochet dans les geôles de la villa Grimaldi. Les pages qui lui sont consacrées sont particulièrement déchirantes.

Un roman lumineux, poignant, empreint d’une profonde humanité. Remarquable !

Samuel Mayol


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