Revue de presse

""Liberté, égalité, fraternité"… faut-il ajouter "laïcité" à notre devise ?" (Marianne, 14 déc. 23)

(Marianne, 14 déc. 23) 18 décembre 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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Lire ""Liberté, égalité, fraternité"… faut-il ajouter "laïcité" à notre devise ?"

"[...] À l’heure où la laïcité dans son acception française est perçue comme menacée, d’un côté, par la poussée de l’islamisme, et, de l’autre, par un modèle anglo-saxon plus enclin à promouvoir la coexistence des religions que la protection de la liberté de conscience, l’association de ce principe au triptyque républicain s’est répandue dans la bouche de quelques politiques. [...]

« Notre devise est une sorte de sceau de la République, pointe Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS. On dévalue sa dimension historique si chaque génération ajoute un terme. C’est une excuse pour ne pas travailler à la mise en œuvre de la loi de 1905. » [...]

Par ailleurs, les quatre termes recouvrent-ils des notions de même nature ? Non, répond Iannis Roder. « La liberté, l’égalité et la fraternité sont des valeurs absolues vers lesquelles nous tendons mais qui sont inatteignables, explique l’agrégé d’histoire, alors que la laïcité est un principe qui donne un cadre dans lequel s’exercent ces valeurs. » D’une certaine manière, bien qu’elle ne soit apparue que plus tard dans nos textes, la laïcité précéderait en réalité le triptyque républicain, en étant une condition nécessaire pour tendre vers sa mise en application. Autrement dit, sans laïcité, impossible d’envisager une véritable liberté, égalité ou fraternité. Par exemple, en séparant le politique du religieux et en reconnaissant une seule et unique loi pour tous les citoyens, au-delà de supposées communautés, la laïcité serait indispensable pour assurer l’égalité.

Une affirmation qui résonne particulièrement dans la conception française, qui fait de la laïcité un véritable principe organisateur, protecteur, et pas seulement une coexistence des croyances. « C’est une organisation juridico-politique destinée à protéger des libertés fondamentales, résume Isabelle de Mecquenem, agrégée de philosophie, membre du Conseil des sages de la laïcité de l’Éducation nationale. C’est une condition pour que liberté, égalité et fraternité s’épanouissent dans une République authentique. Il est exclu de les mettre sur le même plan. » Paradoxalement, en voulant renforcer la laïcité, on en viendrait donc à l’affaiblir, en négligeant sa spécificité de principe organisateur.

Pour la philosophe Catherine Kintzler, ce n’est d’ailleurs pas le fruit du hasard si la référence à la laïcité apparaît dans l’article 1 de la Constitution et pas dans le ­deuxième. Selon elle, si la devise, figurant à l’article 2, concerne directement les citoyens, le premier article caractérise les obligations qui s’appliquent à la République, qui se doit d’être « indivisible, laïque, démocratique et sociale ». « Dans la République française, les citoyens sont libres, ils sont égaux, ils sont frères. Mais la laïcité n’est pas plus que l’indivisibilité une propriété des citoyens, expliquait l’universitaire sur son blog en 2021. [...] Nous connaissons tous des personnes qui sont antilaïques et nous n’avons jamais pensé, sur ce motif, qu’elles ne sont pas des citoyens à part entière. Se déclarer antilaïque [...] n’est pas un délit – ce qui est un délit, c’est d’enfreindre une loi laïque ou démocratique. » [...]"


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