Revue de presse

Liban : "Un mariage sans curé ni imam" (Now Lebanon / Courrier international, 5 mars 09)

10 mars 2009

"Les adeptes de l’union civile ont organisé illégalement six mariages laïcs à Beyrouth. Une cérémonie sans religieux, mais avec des pétales de roses et du champagne.

C’est un fait universellement reconnu – du moins devrait-il l’être –, un mariage sans dabké [danse libanaise], sans acclamations ni pétales de roses, n’est pas un vrai mariage. Mais qu’en est-il d’un mariage sans la présence d’une autorité religieuse ? Considéreriez-vous un couple marié par un officier d’état civil laïc comme un couple légalement marié ? “Oui !” ont répondu en chœur des défenseurs du mariage civil, le 22 février, à Beyrouth, où ils ont organisé de faux mariages civils au milieu de dabké, de vivats et, évidemment, de pétales de roses. Si elles ne lient pas légalement les partenaires, ces unions n’en attirent pas moins l’attention sur une question importante.

Au Liban, un mariage doit être célébré par une autorité religieuse appartenant à l’une des dix-huit confessions légalement reconnues, et l’affiliation religieuse des époux inscrite sur le certificat de mariage. Pour manifester leur engagement en faveur de la suppression de cette mention de l’identité religieuse, un groupe conduit par le militant Mark Daou a mis en scène six mariages dans un bar. On se serait cru dans n’importe quelles noces officielles libanaises, sauf que sur le certificat de mariage ne figuraient ni la confession des époux ni les signatures obligatoires de l’autorité et du juge religieux. Une autre différence tient au fait que les six cérémonies ont toutes eu lieu dans un bar, où elles ont été généreusement arrosées de champagne.

Le but du jeu était de “tenter d’introduire le mariage civil au Liban. Le mariage civil est un droit civique et… une source de bonheur : c’est le choix de deux personnes de vivre ensemble dans l’amour et le respect.” Selon Mark Daou, il est inconstitutionnel de dire aux citoyens qu’il n’existe aucune loi permettant d’officialiser leur relation et que les mariés doivent passer devant les tribunaux administrés par leur communauté religieuse. Une fois leur union scellée, ils doivent respecter les lois de leur propre communauté concernant toutes les questions matrimoniales et le divorce. De nombreux couples ont quitté le pays, souvent pour Chypre, afin d’avoir un mariage non religieux.

Le 22 février, on a trouvé, pour prononcer leurs vœux, “des couples qui s’étaient unis civilement hors du Liban, des gens qui avaient eu des mariages religieux et d’autres qui tout simplement s’aimaient et voulaient se marier”, poursuit Mark Daou. “Nous ne sommes pas contre la religion. Nous respectons toutes les religions”, mais “le mariage civil est un droit civique”, assure, pour sa part, Rana Khoury, l’une des personnes nouvellement “mariées”. Avec un groupe d’amis, elle a créé un groupe sur le réseau social Facebook. La revendication s’inscrit dans le débat survenu récemment sur la déclaration obligatoire de l’appartenance religieuse sur les documents officiels. Le ministre de l’Intérieur, Ziad Baroud, a publié fin janvier une circulaire stipulant que l’officier d’état civil accepterait désormais toute demande de suppression de la mention religieuse d’une personne sur le registre d’état civil. Les participants à l’événement du 22 février ne tablaient pas sur un changement de la loi avant les législatives [prévues en juin 2009]. Mais cela ne les a pas empêchés de le célébrer avec panache et espoir. Mohammed Arab et Nada Husseini, mariés depuis vingt-sept ans et très élégamment vêtus, ont renouvelé leurs vœux avec une passion intacte. “Nous faisons cela pour de nombreuses raisons, explique Mohammed Arab. Parce que je l’aime – voilà près de trente ans que nous sommes ensemble – et que je suis toujours aussi sûr de mes sentiments. La seconde raison est que je crois en l’union de deux personnes sans qu’il y ait des règles.” Son fils Firas était présent à la cérémonie non seulement pour féliciter ses parents, mais pour s’engager lui-même auprès de sa petite amie, Rasha. Mohammed Arab était–il heureux de voir son fils marié, même au cours d’une cérémonie qui n’a pas été légalement reconnue ? “Je suis heureux, répond-t-il avec fermeté, de le voir heureux. Nous n’avons pas besoin de règles.”"

Lire "Un mariage sans curé ni imam".


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