Revue de presse

"Les athlètes musulmanes prennent leurs marques" (la-croix.com , 30 juil. 13)

30 juillet 2013

"Les pays musulmans les plus conservateurs comme l’Arabie saoudite s’ouvrent lentement à la pratique du sport féminin.

C’était aux Jeux olympiques de 1936. La Turque Halet Cambel, escrimeuse et archéologue, se distingue en devenant la première femme musulmane à prendre part à un tournoi sportif international. Soixante-seize ans plus tard, en 2012, l’Arabie saoudite, le sultanat de Brunei et le Qatar, derniers pays musulmans à n’avoir jamais envoyé de sportives aux JO, dépêchent enfin des délégations féminines pour les Olympiades de Londres, mettant ainsi fin à des semaines d’âpres négociations avec le Comité international olympique (CIO).

Les situations sont très variées à travers le monde musulman. Ainsi, le Maghreb produit depuis longtemps des athlètes féminines au parcours sportif exceptionnel, comme l’Algérienne Nawal El Moutawakel, première musulmane à décrocher une médaille d’or aux JO de 1984. En revanche, les sportives iraniennes, qui doivent garder la tête couverte, sont exclues de la plupart des manifestations sportives internationales.

Certaines nations n’ont pas fait émerger de sportives, faute de moyens. Fondatrice de la première équipe nationale féminine, l’athlète afghane Shoukria Haidar veut contribuer à la renaissance du sport dans son pays. « Il y a très peu de sportives afghanes de haut niveau, non pas à cause des mentalités ou de la religion. Elles sont surtout victimes du manque d’infrastructures sportives et de l’absence de matériel. »

Ce qui n’est pas le cas dans les six monarchies du Golfe. Les femmes y ont pourtant été délibérément écartées du monde sportif, amateur comme professionnel. Mais, depuis le milieu des années 2000, la péninsule arabique tente de combiner la pratique sportive féminine avec le respect des normes islamiques. Le sultanat d’Oman renoue depuis peu avec son passé de puissance maritime, avec une équipe féminine de voile.

Le Koweït et Bahreïn ont formé des équipes féminines dans de multiples disciplines. Les concessions faites par les comités sportifs du CIO et de la Fifa sur le port du voile islamique ont aidé à créer un climat favorable au développement du sport féminin dans la région.

Le Qatar n’est pas en reste. L’émir Cheikh Tamin bin Hamad Al Thani est le chantre du sport power, de « la diplomatie par le sport ». Aux JO de Londres en 2012, la championne de tir qatarienne Bahiya Al Hamad a ainsi été promue porte-drapeau de son pays, un pas de géant pour une nation qui n’avait auparavant jamais envoyé de délégations féminines aux Jeux.

À la traîne, l’Arabie saoudite est, de loin, le pays le plus fermé sur la question. Les Saoudiennes n’ont toujours pas le droit d’assister à des compétitions sportives ou de faire du sport en public. « La société est encore très divisée, analyse Olivier Da Lage, auteur de Géopolitique de l’Arabie saoudite (Éd. Complexe, 2007), parce que les hommes et les femmes doivent être séparés, et les femmes ne doivent pas montrer leurs corps. Certains sports sont aussi associés à des fantasmes sexuels, comme le vélo, le cheval. Ce qui fait peur aux religieux. »

Ces derniers temps, le royaume wahhabite s’est légèrement décrispé sur la question. Il a annoncé l’ouverture de centres sportifs féminins et autorisé l’enseignement du sport dans les écoles privées pour filles. Les Saoudiennes peuvent désormais faire du vélo, grâce au succès du film Wadjda, de la réalisatrice saoudienne Haifaa Al Mansour, qui met en scène une petite Saoudienne rêvant d’enfourcher une bicyclette. Son succès a fait plier les oulémas du pays. [...]"

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