Revue de presse

"Le street artiste Combo agressé à Paris" (lemonde.fr , 4 fév. 15)

5 février 2015

"Cela ne leur a pas plu, ce grand gars à la voix douce et à la barbe fournie d’un imam, qui collait sur le mur une affiche en pied de lui-même photographié en djellabah avec, à côté, le mot « coexist » – Un croissant musulman pour le C, une étoile de David pour le X, et une croix chrétienne pour le T. Samedi 30 janvier, porte Dorée à Paris, les quatre jeunes lui ont demandé d’effacer l’inscription. L’homme a refusé, alors ils l’ont roué de coups. Epaule démise, des bleus douloureux et huit jours d’incapacité totale de travail (ITT) [...].

Lorsque Combo décide de partir à Beyrouth, ses copains lui disent : « Tu es fou, qu’est ce que tu vas faire là-bas, le djihad ? » La caricature l’agace, il décide d’en jouer. « Je vais faire le djih-art… » Sur les murs de Beyrouth, des affiches « Moins de Hamas, plus de Houmous ». Il se laisse pousser une belle barbe, pose avec ses copains en djellabah, à écouter des prières sur MTV Lebanon tout en buvant de la bière. « Je voulais offrir aux gens qui me connaissent et qui me suivent le sentiment de quelqu’un qu’on aime, qui est parti et qu’on a perdu. Ça a été très mal perçu. »

Après la tuerie de Charlie Hebdo, c’est encore en djellabah qu’il se rend à la manifestation du 11 janvier. Une caricature pour sortir de la caricature dans laquelle on le cantonne. « Au début, je croyais que j’étais français, j’ai vite compris que j’étais arabe, puis beur… Maintenant, on me dit que je suis musulman », dit-il en haussant les épaules devant son croque-monsieur jambon. Combo va dès lors intervenir sur les murs de Paris pour essayer de donner la parole à une communauté qui se sent mal entendue. A Chatelet, il inscrit en anglais : « Savez-vous que les musulmans finissent leurs prières par amen, comme les juifs et les chrétiens ? » « Tu peux écrire ça, lui disent les jeunes qui s’agglutinent, mais tu n’écris pas “Je suis Charlie”. »

Lui qui veut jouer l’œcuménisme se retrouve coincé dans la crispation générale d’une société perdue dans ses repères républicains. « C’est la dés-intégration française », dit-il. La moindre proposition devient une menace, les clans identitaires poussent plus vite que l’ombre qu’ils redoutent. « Le 14-Juillet, pour un projet avec les Femen, quai de Valmy, ce sont les anti-christianophobes que j’ai eus sur le dos… », raconte Combo. Une croix gammée a été taguée sur son : « En France, nous avons 50 000 soldats musulmans qui protègent notre pays. » Pour une fois, il se félicite de la rapidité avec laquelle la Mairie a effacé les inscriptions. « D’habitude, mes œuvres pouvaient rester deux ou trois ans sur les murs de Paris. Aujourd’hui, deux ou trois jours. » [...]"

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