Revue de presse

"Le sport veut mettre hors jeu la radicalisation religieuse" ( localtis.info , 11 mai 16)

3 juin 2016

"La mesure numéro 45 du second plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme présenté par Manuel Valls le 10 mai est la suite logique du rapport d’octobre dernier du service central du renseignement territorial (SCRT) qui informait que des clubs sportifs amateurs étaient surveillés pour prosélytisme et radicalisation religieuse. La mesure entend "prévenir la radicalisation dans le champ sportif" en articulant sanction et prévention. Parallèlement certaines communes prennent aussi des mesures contre le radicalisme musulman, et la Fédération française de football prépare une refonte de ses statuts de façon à interdire tout prosélytisme.

Le sport fait l’objet d’un traitement particulier dans le second plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme, présenté par le Premier ministre Manuel Valls le 9 mai (lire notre article du 10 mai 2016 ci-contre). Et cela est tout sauf une surprise. En octobre dernier, on apprenait par un rapport du service central du renseignement territorial (SCRT) que des clubs sportifs amateurs étaient surveillés pour prosélytisme et radicalisation religieuse.

Ce document confidentiel de 13 pages intitulé "Le sport amateur vecteur de communautarisme et de radicalité" mettait en avant des cas de joueurs de football s’adonnant à la prière sur un terrain devant les arbitres du match.

Il mentionnait également des éducateurs sportifs fichés par les services de renseignement comme musulmans salafistes. Interrogé le 10 mai sur Europe 1, le ministre de la Jeunesse et des Sports a confirmé que des clubs étaient soumis à des pressions. "Quand un club refuse la présence de femmes, c’est suspect. Quand un club pratique la religion pendant les temps de pause, c’est suspect", a commenté Patrick Kanner.

Pourquoi ce lien particulier entre sport et radicalisation ? Il ressortait du rapport de la SRCT que les fondamentalistes religieux ciblaient un public jeune, issu de quartiers dits "défavorisés", en leur proposant d’allier sport et religion. A l’époque, Patrick Kanner et Thierry Braillard, son secrétaire d’Etat, avaient mis en avant deux types de ripostes possibles. L’une préventive, consistant à professionnaliser l’encadrement des clubs pour éviter l’entrisme par le biais de bénévoles. L’autre punitive, en brandissant la menace d’un arrêt des subventions aux associations sportives concernées.

50 inspecteurs Jeunesse et Sports mobilisés

La mesure numéro 45 du plan d’action contre la radicalisation et le terrorisme est donc la suite logique aux questions soulevées par le rapport du SCRT et aux positions du duo ministériel. Cette mesure entend "prévenir la radicalisation dans le champ sportif" en articulant sanction et prévention. Côté sanction, le plan édicte que "dès lors que les situations de radicalisation sont avérées, des décisions seront prises, pouvant entraîner la suspension des financements de l’Etat ou le retrait des ’agréments sport’ dont bénéficieraient ces structures".

Côté prévention, le texte crée un canal de centralisation et de traitement des signalements de situations de radicalisation dans le champ sportif. Cette centralisation des données sera assurée par une mission nationale d’appui confiée à l’inspection générale de la Jeunesse et des Sports. En cas de signalement, les dispositifs réglementaires de contrôle des éducateurs et des clubs sportifs seront sollicités. Ainsi, une cinquantaine d’inspecteurs référents dans les territoires, bénéficiant d’une formation dédiée, seront mobilisables pour réaliser ces contrôles. De plus, la formation spécifique des acteurs du champ du sport sera amplifiée afin qu’ils disposent des compétences permettant de mieux détecter, signaler et prévenir les phénomènes de radicalisation.

Les communes passent à l’action

Mais le gouvernement n’est pas seul à s’être emparé du dossier. Dans une proposition de résolution enregistrée à la présidence de l’Assemblée nationale le 4 mars dernier, une soixantaine de députés demandaient la création d’une commission d’enquête sur le phénomène de radicalisation dans le milieu du sport amateur. Demande non suivie d’effet pour l’heure.

De leurs côtés, plusieurs communes confrontées à la montée du radicalisme musulman sur leur territoire sont passées à l’action. En novembre dernier la mairie d’Auxerre a décidé de geler la subvention d’un club cité par le rapport de la SCRT. Puis le conseil municipal a adopté lors de sa séance du 31 mars une charte de la laïcité par laquelle "les associations s’engagent à n’utiliser d’aucune façon les aides financières [de la commune] pour ses activités cultuelles ou toute forme de prosélytisme".

La ville de Nice a également adopté, le 1er avril, sa "charte du respect des valeurs de la République à destination des associations". Un document qui devra obligatoirement être signé pour toute demande de subvention auprès de la mairie. Les sanctions en cas de manquement aux engagements pris comprennent notamment la suppression ou le remboursement de la subvention ainsi que l’interdiction d’utiliser les équipements publics.

Enfin, le mouvement sportif n’est pas en reste. Après avoir réuni le 5 avril dernier ses référents régionaux sur les actions citoyennes et sociales "pour aborder la délicate question de la laïcité", la Fédération française de football prépare une refonte de ses statuts de façon à interdire tout prosélytisme et tout acte ostentatoire faisant référence à une pratique religieuse. Là encore, des sanctions seront introduites."

Lire "Le sport veut mettre hors jeu la radicalisation religieuse".



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