Revue de presse

"La politique du mouchoir" (S. Rey, Le Monde, 9 déc. 17)

Sarah Rey, historienne. 10 décembre 2017

"La politique se remplit de larmes. Le 28 novembre, devant la Chambre des communes d’Ottawa, le premier ministre canadien Justin Trudeau a présenté, des sanglots dans la voix, les excuses officielles de son gouvernement pour « des décennies de discrimination systémique envers les personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres, kir et bi spirituelles [chez les peuples indiens du Canada, ce terme désigne les individus qui se sentent du sexe opposé au leur] ». Il a terminé son discours les yeux embués, avant de serrer longuement dans ses bras l’un des membres du Parlement, Randy Boissonnault.

Il faut dire que, dans ce domaine lacrymal, Justin Trudeau ne s’épargne pas : ses excuses aux anciens élèves des pensionnats autochtones de Terre-Neuve-et-Labrador, le décès d’une pop star ou sa visite à Auschwitz ont produit, chez lui, les mêmes effets.

Pourquoi tant d’épanchements ? Parce que pleurer devient un passage obligé de la vie politique contemporaine, l’un de ses lieux communs. Il s’agit de ponctuer de larmes les temps forts de son action publique, d’y joindre à l’occasion un peu de repentir, et d’espérer que le tout soit filmé, ou dûment rapporté.

En 2016, le président américain Barack Obama avait pleuré à l’évocation des enfants abattus lors de la tuerie survenue à l’école primaire Sandy Hook de Newton (Connecticut). La même année, le président philippin Rodrigo Duterte, à peine élu, se recueillait tout ému sur la tombe de ses parents, sous le regard des journalistes, tandis que, en Suisse, Doris Leuthard, alors à la tête du département fédéral des transports, pleurait de joie lors de l’inauguration du tunnel du Saint-Gothard. [...]"

Lire "La politique du mouchoir, de César à Justin Trudeau".


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