Revue de presse

"La laïcité pilier d’une démocratie balbutiante" (lamarseillaise.fr , 26 nov. 15)

27 novembre 2015

"110 ans après la naissance de la Loi 1905, le texte fondateur du vivre ensemble en France peut-il encore résister dans une période aussi trouble de notre histoire ?

La place de la laïcité dans la société n’a jamais fait autant débat. Quel espace occupe-t-elle encore dans nos sociétés, lorsqu’il a fallu attendre l’attentat de Charlie Hebdo, pour qu’une journée lui soit dédiée (9 décembre).

Joël Dechaume, président du Centre départemental d’étude et d’éducation permanente (CDEEP), avait programmé bien avant les événements du 13 novembre dernier, la conférence de mardi soir à Marseille [1], avec Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République, et Khaled Slougui, président de Turquoise Freedom, association basée à Marseille, de prévention du radicalisme.

La laïcité à laquelle nous serions attachés est souvent transgressée, parfois édulcorée. « S’il faut attendre des massacres pour que la laïcité soit portée au pinacle, cela me désole », confie Joël Dechaume. Comment cette question s’inscrit dans les débats, à la lueur des événements tragiques qui secouent notre pays ?

Une situation que Patrick Kessel a qualifiée d’unique depuis la guerre d’Algérie et où il serait plus indispensable que jamais de donner son nom à la barbarie. « Cette terreur a un nom, c’est un mouvement politique fondé sur une idéologie, sur la haine des lumières, des individus, qui voudraient décider d’une guerre de civilisation », affirme-t-il [2]. Depuis, on a inventé des concepts spécieux comme "islamophobie", pour interdire une critique de l’islam.

La critique, c’est ce qui a coûté la vie aux journalistes de Charlie. Être libre sans être libre, la période ressemble à celle des années 38-39 avec la montée des nationalismes. « Il faut dire sans dire, il y a une gêne qui ne fait pas bon ménage avec la démocratie », esquisse Patrick Kessel, évoquant ces petits événements qui révèlent les déchirures de la France. Comme parler de déchirure sociale, sans parler de déchirure culturelle.

« La République n’a pas fait son travail, elle a déserté son territoire, livré l’école aux communautarismes... Il s’agissait de faire consensus. » La responsabilité politique est souvent pointée du doigt : financement d’associations, d’écoles privées, loi Carle, et un rapport Obin qui mettait en garde contre la détérioration de la République, pas ou peu connu du grand public.

La classe politique s’est accommodée de ces transgressions. « Ce ne sont pas les islamistes qui vont gagner les élections, c’est l’extrême droite », affirme Patrick Kessel. « Il est bien plus tard que ce que nous pensons. La République est prise dans une mâchoire entre ceux qu’il faut dénoncer comme islamo-fascistes, une minorité prenant les musulmans de France en otage. Il faut les combattre ouvertement. Combattre le communautarisme. De l’autre côté, nous sommes pris en permanence par la montée du Front National et de l’extrême droite qui veut se poser comme défenseur face à l’islamisme. En fait ils sont tout sauf laïques », développe Patrick Kessel [3].

Mardi soir, c’est un appel à défendre la laïcité qui a été lancé depuis Marseille. La cité phocéenne a son rôle à jouer, en devenant la ville symbole d’une République universelle, ouverte sur la Méditerranée, mais elle peut aussi devenir lieu de conflits. Comment éviter ces écueils ? Cela passe par l’école, où les valeurs de la République doivent être restaurées. Faut-il pour cela réclamer, comme l’a fait Kessel, le retour de la blouse à l’école ? Faut-il en finir avec les symboles religieux qui investissent la sphère publique ?

Nous n’aurions pas d’autres choix, pour Patrick Kessel de « défendre la laïcité partout où elle est menacée ». Cela passe, depuis les événements tragiques de ces derniers mois, par un discours mobilisateur, lancé au plus haut niveau. « Pour que ça bouge, il faut que vous bougiez », tance Patrick Kessel, persuadé que la liberté reste encore à conquérir. « Les religions réinvestissent le champ politique, là où la République les avait chassées », insiste Patrick Kessel."

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