Revue de presse

Jean Daniel : "Mieux vivre avec l’islam !" (nouvelobs.com , 17 fév. 16)

18 février 2016

"[...] La nationalité française est censée, et Dieu sait qu’on le rappelle depuis les attentats à chaque occasion, contenir un certain nombre de références à la laïcité, à la liberté et à l’égalité.

C’est pourquoi, personnellement, je souhaiterais que M. Tariq Ramadan, qui a en France son public, nous explique à nouveau le chemin de son évolution, sinon de sa conversion. Peut-il se faire le champion du ralliement aux traditions de la démocratie française, comme le désirait le savant Mohammed Arkoun, qui préconisait que l’on formât des imams en ce sens ? Ou bien pense-t-il que la France a évolué de telle manière que l’heure est venue de profiter des problèmes que lui pose la diversité ? [1] [...]

Quand on pose la question de savoir "De quoi Daoud est-il le nom ?", ma réponse est : il est la manifestation d’une liberté nouvelle, qui entend rejeter sans la moindre précaution tous les préjugés sociaux que l’islam est supposé contenir depuis ses origines. Est-ce de l’islamophobie ? Il est évident que, dans le contexte actuel, cela peut nourrir un certain lepénisme. Mais est-ce une raison pour ne pas enseigner aux musulmans la meilleure façon de se libérer de leur religion ?

D’abord, le ton de la tribune de Kamel Daoud m’a rappelé celui de toutes les grandes voix féministes historiques, et notamment d’un certain nombre d’études parues aux Etats-Unis. Au sujet des juifs orthodoxes, des mormons et de toutes les sociétés évangéliques, la soumission de la femme a déjà suscité par le passé des développements plutôt hardis. Mais c’est un fait que Kamel Daoud n’entend, lui, parler que de l’islam.

Ensuite, il faut tout de même se souvenir que le phénomène n’est pas nouveau. Ce n’est pas seulement Boualem Sansal, Rachid Boujedra ou Kamel Daoud qui se sont lancés dans de telles percées. Le plus grand écrivain algérien de langue française, je veux évidemment parler de Kateb Yacine, a publié dans son dernier livre (dont la publication a été posthume et trop négligée) un procès de l’islam arabe que les Berbères n’ont pas oublié.

La seconde observation est celle que m’adressent des intellectuels qui ne sont pas entièrement, ni forcément d’accord avec Kamel Daoud, surtout en apprenant que cet écrivain polémiste en est arrivé à abandonner le journalisme parce qu’il était victime dans son pays d’un torrent permanent d’injures. Ils disent :
"Que voulez-vous, en somme ? Vous passez votre temps à nous reprocher de ne pas nous exprimer et d’être absents d’un débat qui nous concerne, or dès que vous estimez que nos critiques pourraient servir Le Pen, alors vous desservez notre liberté."

C’est un fait qu’il ne faut pas décourager les opposants culturels comme Kamel Daoud à tout ce que représente Tariq Ramadan. En tout cas, ce n’est pas à nous qu’il revient d’enseigner aux musulmans la meilleure façon de critiquer l’islam."

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