Revue de presse

"Israël : mort de Yoram Kaniuk, écrivain "sans religion"" (fait-religieux.com , 10 juin 13)

12 juin 2013

"Grand témoin de l’histoire de l’État d’Israël, le célèbre écrivain Yoram Kaniuk, qui s’est éteint samedi 8 juin à l’âge de 83 ans des suites d’une longue maladie, était aussi aux avant-postes de la bataille pour la séparation entre l’État et la religion. Durant l’automne 2011, l’auteur de Tel-Aviv aux dix-sept romans dont Adam ressuscité (1969) dédié à l’Holocauste, avait ainsi remporté une bataille juridique face au ministère intérieur de son pays, et obtenu d’être « radié » de la religion juive, sur le registre national de la population. Devenant le premier Israélien à rester juif par sa nationalité, tout en basculant dans la catégorie « sans religion », Yoram Kaniuk espérait ainsi paver la voie à ses concitoyens.

Au lendemain de sa victoire judiciaire, et de la décision rendue par le tribunal de Tel-Aviv le 2 octobre 2011, près de 200 Tel-aviviens de tous âges avaient fait les démarches pour demander officiellement le statut de « sans religion ». Une requête peu orthodoxe à laquelle les tribunaux n’ont pas encore donné de suite. « Par ce geste, j’ai démissionné de la religion, pas du peuple juif », avait alors confié à la revue Long Cours, dans un reportage sur les laïcs israéliens, publié en décembre 2012, l’intellectuel traduit dans 25 langues, dans son humble demeure. Mariée à une chrétienne, Miranda, Yoram Kaniuk, avait d’abord voulu se solidariser avec son petit-fils considéré comme « sans religion » par l’administration israélienne.

Celui qui a combattu dans la Haganah, les premières forces de défense du foyer juif, lors de la guerre d’indépendance de 1948, avait surtout souhaité exprimer sa déception par rapport à ce qu’est devenu le judaïsme, sous la pression des « chefs rabbins ». « Les religieux ont détruit le judaïsme en Israël », avait encore ajouté celui qui se déclarait profondément « juif par culture ». « La religion ne me dit rien, mais elle a laissé de beaux textes ». Né en 1930 à Tel-Aviv, ce personnage anticonformiste était comme le rappelle, dimanche 9 juin, le quotidien Haaretz, au coeur de la vie culturelle de la première cité hébraïque. [...]"

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