Revue de presse

Iannis Roder : "Toute l’école doit être mobilisée pour défendre la laïcité" (Marianne, 29 fév. 24)

(Marianne, 29 fév. 24). Iannis Roder, professeur agrégé d’histoire, membre du Conseil des sages de la laïcité de l’Education nationale. 3 mars 2024

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

Iannis Roder, Alain Seksig et Milan Sen, Préserver la laïcité, éd. L’Observatoire, 6 mars 2024, 200 p., 20 €.

"Le professeur d’histoire-géographie Iannis Roder, coauteur de « Préserver la laïcité », avance des pistes pour transmettre ce principe aux jeunes.

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Lire "Iannis Roder : "Toute l’école doit être mobilisée pour défendre la laïcité"".

Marianne : Dans « Préserver la laïcité », vous écrivez que, pour une partie des jeunes, « il ne va pas de soi que la laïcité “à la française” soit plus enviable que la tolérance religieuse anglo-saxonne ». La bataille pour l’adhésion de la jeunesse au modèle républicain est-elle perdue ?

Iannis Roder : Non, il ne me semble pas. La tolérance anglo-saxonne est la solution de facilité. C’est simple, chacun fait ce qu’il veut. En revanche, la laïcité à la française nécessite d’être comprise. Or, quand on prend soin de l’expliquer aux jeunes, beaucoup saisissent alors ce qu’ils ne connaissaient pas, notamment les objectifs d’émancipation.

Le problème tiendrait-il à un simple défaut d’explication de la laïcité ?

Pendant longtemps, considérant que c’était un acquis, on a abandonné le discours sur ce qu’est la laïcité, en particulier dans la formation des enseignants et des fonctionnaires. Mais il y a aussi des contre-discours. D’abord, celui de certains jeunes qui estiment que la religion fait partie entièrement de leur identité. Les contraindre à mettre en retrait leur identité religieuse à l’école, qui se manifesterait par un vêtement, reviendrait à porter atteinte à leur intégrité.

C’est un argumentaire très entendu chez les jeunes sur lequel vient se greffer l’idée que la laïcité serait une arme contre l’islam. Il y a également un discours politique de militants islamistes qui essaient de fracasser la laïcité. Et d’une partie de la gauche qui, par clientélisme mais aussi par dérive politique, tient les mêmes propos que des militants se réclamant de l’islam rigoriste.

Face à ces contre-discours, le président de la République veut renforcer l’enseignement civique. Est-ce suffisant ?

Ce n’est pas suffisant : toute l’école doit être mobilisée. Les professeurs doivent être conscients qu’ils sont porteurs à la fois d’une mission de transmission de connaissances et de pérennisation des valeurs de la République. Même quand on fait des ­mathématiques ! Il faut rappeler pourquoi l’école est laïque, inscrire notre présent dans une histoire.

Cela s’applique aux élèves et également aux parents d’élèves. Ceux-ci reçoivent très rarement un discours de l’institution sur ce qu’implique le choix de l’école publique. Il faut également poursuivre la formation des professeurs. Il y a encore des minorités militantes chez les enseignants dont les discours montrent qu’ils n’ont pas la République chevillée au corps.

Faut-il renforcer la mixité sociale à l’école ?

C’est une évidence. L’enjeu est social mais aussi culturel. Dans les banlieues des métropoles, des enfants issus de l’immigration, aux références religieuses communes, se retrouvent dans des classes entre eux.

La seule altérité qu’ils rencontrent est celle du professeur dont le discours laïque se heurte à tout l’écosystème local. Il n’y a pas d’échange possible. Cela est mortifère pour la République et mène à la création de ghettos sociaux et mentaux."


Voir aussi dans la Revue de presse tout le dossier Marianne : « Laïcité : la bataille perdue de la jeunesse » (29 fév. 24) (note de la rédaction CLR).


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