Revue de presse

H. Peña-Ruiz : "La laïcité, rien que la laïcité" (lamontagne.fr , 21 jan. 16)

Henri Pena-Ruiz, philosophe, auteur de « Dictionnaire amoureux de la laïcité » (Plon). 22 janvier 2016

"Sollicité sur les « états d’âme » de Manuel Valls et de Jean-Louis-Bianco, notre chroniqueur Henri Peña-Ruiz, auteur d’un Dictionnaire amoureux de la laïcité [1] livre son analyse.

« Manuel Valls, pointe le philosophe, a raison de défendre une laïcité qui dénonce toute dérive communautariste. Je réprouve également les propos irrespectueux de Nicolas Cadène concernant Élisabeth Badinter, dont le combat exemplaire pour l’émancipation laïque mérite l’admiration. Nicolas Cadène et Jean-Louis Bianco pratiquent le déni à l’égard des vrais problèmes de la laïcité, issus non de la spiritualité religieuse, mais de la volonté de pouvoir et de privilèges publics de certains religieux. Par exemple, nier les problèmes que cela pose à l’Université quand des cours y sont perturbés par des démarches prosélytes, c’est s’aveugler soi-même. »

« De même, insiste-t-il, il est inacceptable de ne pas remettre en cause le régime discriminatoire qu’est le concordat d’Alsace-Moselle, qui donne plus de droits aux croyants qu’aux humanistes athées, puisque les salaires des prêtres, des rabbins et des pasteurs sont payés par toute la République. Et de faire silence sur la Loi Debré du 31 décembre 1959, qui détourne l’argent public vers des écoles privées religieuses. L’argent public provient de tous les contribuables : croyants, agnostiques et athées. La laïcité, c’est certes la liberté de conscience, mais c’est aussi l’égalité de traitement des différentes convictions spirituelles qui ne se limitent pas aux seules croyances religieuses. Ce qu’oublient également les médias lorsqu’ils n’invitent que les représentants des trois grandes religions monothéistes, mais pas les humanistes athées ou agnostiques, qui sont la moitié de la population française. »

Et de conclure : « Manuel Valls, quant à lui, n’avait pas à se rendre au Vatican dans l’exercice de ses fonctions, le 27 avril 2014, pour la canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II [2]. Une canonisation est un acte religieux qui ne relève nullement de la diplomatie entre États. Admirateur de Georges Clemenceau, Manuel Valls ferait bien d’appliquer sa jurisprudence. À l’issue de la Première Guerre mondiale, alors qu’il était président du Conseil, celui-ci avait bien spécifié aux membres de son gouvernement que ceux-ci ne pourraient assister officiellement au Te Deum organisé par l’archevêque de Paris, mais le pourraient à titre privé, sans se distinguer des autres personnes. »"

Lire "Henri Peña-Ruiz : la laïcité, rien que la laïcité".

[1Éditions Plon, 25 euros.


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