L’Aurore

G. Clavreul, J. Glavany : Mila, "« La liberté, mais… », disent-ils" (G. Clavreul, J. Glavany, L’Aurore, 31 jan. 20)

Gilles Clavreul, Délégué général du club l’Aurore, ancien Délégué interministériel contre le racisme (Dilcrah), Prix de la Laïcité 2017 ; Jean Glavany, ancien ministre, auteur de "La laïcité, un combat pour la paix" (éd. Héloïse d’Ormesson). 2 février 2020

[Les échos des initiatives proches sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"[…] Silence des associations antiracistes (à part la Licra), silence des associations LGBT, silence des féministes, silence des associations de défense des droits de l’Homme, silence de la quasi-totalité de la classe politique, à l’exception de l’extrême-droite qui, à son habitude, profite des vides laissés par la droite comme par la gauche pour poursuivre son agenda xénophobe contre les musulmans et les immigrés. […]

Je suis pour la liberté d’expression, mais il ne faut pas stigmatiser. Je suis pour la liberté d’expression, mais j’interdis les conférences de mes adversaires politiques. Je suis pour la liberté d’expression, mais certaines pièces de théâtres écrites il y a deux mille ans sont choquantes et racistes. On ne compte plus ces derniers mois les actions entreprises pour empêcher un spectacle, faire annuler la venue d’un homme politique ou d’un artiste. On ne compte plus non plus les commentaires, articles, tribunes, qui se veulent sages et équilibrées, qui retournent l’accusation contre la victime. Un délégué général du CFCM ne craint pas d’affirmer « elle l’a cherché, elle assume ! ». Elle assume quoi, M. Zekri ? De risquer de se faire violer ou égorger, comme certains le lui promettent ? […]

Cette affaire trahit un inquiétant brouillage des repères que la société se donne en matière de libertés fondamentales. Sur la liberté d’expression, nous devrions avoir les idées claires, et séparer sans coup férir la haine des personnes, condamnée par la loi, de la critique même violente, même ordurière, des idées et des croyances, qui est absolument libre. Nous devrions, au moins depuis Charlie, ne pas mégoter quand des appels au meurtre sont lancés par des islamistes : on sait qu’ils ne plaisantent pas, alors que celui qui insulte Jésus ou se moque de Yahvé ne court pas grand risque pour cela. Or cette gêne à dénoncer, cette peine à nommer les choses, cette difficulté à distinguer nettement les agresseurs de l’agressée, on les ressent jusqu’au sommet de la société et au cœur de l’Etat. […]"

Lire "« La liberté, mais… », disent-ils".



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