Contribution

Et de deux (J. Lafouge)

par Jacques Lafouge, vice-président du Comité Laïcité République. 3 juillet 2021

On dit souvent que trois étapes ont permis l’instauration de la Laïcité en France. C’est faux pour une bonne raison : la laïcité en tant que concept n’existait pas.

La première tentative eut lieu le 18 septembre 1794 sur la proposition de Cambon. Il ne s’agissait pas alors de séparer l’Eglise catholique de l’Etat. Le motif était bien plus prosaïque, il était financier : la nation devait-elle continuer à prendre en charge les frais du culte et les traitements des prêtres ni de ceux d’aucun culte ?

Il y avait sans aucun doute là l’influence des philosophes des Lumières et celle de Condorcet. Pas uniquement car la situation financière laissée par la royauté était mauvaise et le nouvel Etat avait besoin d’argent. Il s’en procura un peu plus tard en vendant également les biens de l’Eglise et des émigrés.

Si le 21 février 1795 la Convention décida de la liberté des cultes, ils devaient être célébrés aux frais de fidèles et en louant des locaux privés. Phase transitoire car en 1801 Bonaparte promulguait le Concordat qui organisait les rapports des cultes catholique, protestant et israélite. De ce fait l’œuvre de la Révolutions était effacée.

La seconde tentative eut lieu le 2 avril 1871, sous la Commune, qui décréta : « L’Eglise est séparée de l’Etat ; le budget des cultes est supprimé ».

C’était une véritable séparation mais qui ne concernait que Paris, le gouvernement de Versailles étant d’un avis complètement contraire. La défaite de la Commune annula bien entendu sa législation.

Qu’il soit permis de rappeler que la Commune prit des initiatives tout à fait progressistes pour l’époque car au-delà de la séparation de l’Eglise et de l’Etat elle prit des décisions préfigurant la législation de la protection du travail, la Sécurité sociale, une garantie contre le chômage et le salaire minimum légal. Elle décida aussi de l’enseignement laïque et obligatoire, de l’égalité professionnelle hommes femmes ainsi que du divorce par consentement mutuel.

Même si toutes ces initiatives ne concernent pas directement la Laïcité il est bon de les rappeler pour mesurer le chemin parcouru depuis et les remises en cause de notre époque.

A suivre


Voir aussi Les chroniques de Jacques Lafouge dans Contributions (note du CLR).


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