Revue de presse

C. Fourest : "Un pape contre l’"ingérence spirituelle" ?" (huffingtonpost.fr, 25 sept. 13)

25 septembre 2013

"Le pape François, assurément, n’est pas Benoît XVI ni Jean-Paul II. Moins rigide et moins conservateur, il redoute moins que ses prédécesseurs les excès attribués à Vatican II. [...]

Il file aussi à plusieurs reprise une métaphore féminine et maternelle pour parler de sa vision de l’Eglise : "L’Église est Mère, dit-il. L’Église est féconde. Elle doit l’être !" Ce qui suppose de rendre le rôle des femmes plus visible : "Les discours que j’entends sur le rôle des femmes sont souvent inspirés par une idéologie machiste. Les femmes soulèvent des questions que l’on doit affronter. L’Église ne peut pas être elle-même sans les femmes et le rôle qu’elles jouent. Les femmes lui sont indispensables.". Avouez que c’est quand même plus frais que les discours partiarcaux de vieux garçons auxquels la curie nous a habitués...

Ce pape veut incontestablement apporter un nouveau regard. Mais pourra-t-il réformer la curie ? Elle va sans doute résister. Tant elle composée d’hommes rigides, obsédés par les questions des mœurs, notamment par la question gay. Le pape François semble plus apaisé. Il n’abandonne pas l’idée de comparer l’homosexualité à "une maladie" ou à une "blessure", c’est visiblement beaucoup demander au XIXème, mais il trouve quand même que l’Eglise à mieux à faire — par exemple combattre la pauvreté — que de se mêler en permanence du lit de tout le monde. Ce qu’il qualifie, et c’est une vraie révolution, d’"ingérence" : "La religion a le droit d’exprimer son opinion au service des personnes mais Dieu dans la création nous a rendu libres : l’ingérence spirituelle dans la vie des personnes n’est pas possible."

Plutôt que le jugement sévère, il prône l’accompagnement dans la "miséricorde" des homosexuels, des divorcés ou des femmes ayant eu recours à l’avortement. On est encore loin du respect du droit de choisir et de l’égalité des droits, mais c’est un net progrès. D’autant qu’il s’élève clairement contre le fait de faire de ces rejets une doctrine : "Nous ne pouvons pas insister seulement sur les questions liées à l’avortement, au mariage homosexuel et à l’utilisation de méthodes contraceptives. Ce n’est pas possible. Je n’ai pas beaucoup parlé de ces choses, et on me l’a reproché. Mais lorsqu’on en parle, il faut le faire dans un contexte précis. La pensée de l’Église, nous la connaissons, et je suis fils de l’Église, mais il n’est pas nécessaire d’en parler en permanence." Plus loin, il ajoute : "Nous devons donc trouver un nouvel équilibre, autrement l’édifice moral de l’Église risque lui aussi de s’écrouler comme un château de cartes, de perdre la fraîcheur et le parfum de l’Evangile".

Le pape François semble plus apaisé. Il n’abandonne pas l’idée de comparer l’homosexualité à "une maladie" ou à une "blessure", c’est visiblement beaucoup demander au XIXème, mais il trouve quand même que l’Eglise à mieux à faire — par exemple combattre la pauvreté — que de se mêler en permanence du lit de tout le monde. Ce qu’il qualifie, et c’est une vraie révolution, d’"ingérence" : "La religion a le droit d’exprimer son opinion au service des personnes mais Dieu dans la création nous a rendu libres : l’ingérence spirituelle dans la vie des personnes n’est pas possible." [...]

La souplesse d’esprit du nouveau pape ne va seulement soulager les femmes et les homosexuels. Elle va aussi faire du bien aux musulmans. Benoît XVI recevait volontiers l’écrivaine italienne Oriana Fallaci, connue pour son pamphlet anti-musulmans La rage et l’orgeuil. Le pape François va recevoir dans les tous prochains jours une délégation d’imams français, conduit par l’imam de Drancy, Hassen Chalghoumi, pour parler entre autres du statut des chrétiens d’Orient, encore visés par un attentat terrible au Pakistan.

Une autre bonne nouvelle concerne le pape de l’islamisme : le prédicateur vedette des Frères musulmans, Youssef Al Qaradhawi, sans doute l’homme qui a le plus fait pour souffler sur les braises de la haine ces dernières années grâce à son émission sur Al Jazira. Il n’est plus en vogue au Qatar depuis le changement d’émir. Il faut dire qu’il a beaucoup milité contre l’arrivée au pouvoir de Tamim Al-Thanii, seulement âgé de 33 ans, et jugé trop moderne. En 2005, le prince héritier a été aperçu dans une boîte gay où une bagarre a éclaté, Qaradhawi en a profité pour rappeler que l’homosexualité méritait la lapidation... C’est dire l’état des relations entre le prédicateur et le nouvel émir. Une bien mauvaise nouvelle pour les Frères musulmans, qui viennent d’être interdits en Egypte, et pourrait également avoir moins d’argent de poche venant du Qatar.

Même s’il en restera toujours largement assez pour financer des journalistes, des chercheurs ou des avocats dénonçant tout laïque ou toute féministe critique envers l’intégrisme "d’islamophobe"."

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