Revue de presse

Boualem Sansal : "Les supporters algériens violents ont trahi la France" (Marianne, 19 juil. 19)

Boualem Sansal, écrivain, auteur de "Le Train d’Erlingen ou la Métamorphose de Dieu" (Gallimard), Prix international de la Laïcité 2018. 19 juillet 2019

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Nous, Algériens, avons rarement l’occasion d’être fiers de nous. Constamment, nous vivons dans la honte de ce qu’ont fait de nous et de notre pays ceux qui nous gouvernent depuis l’indépendance. Partout dans le monde, « Algérien » rime avec « vaurien ». Cette réputation d’incivilité et de vulgarité est dure à porter pour ceux d’entre nous qui vivent dans le respect d’eux-mêmes et le respect de l’autre.

Je crois que le hirak (le « mouvement ») du 22 février, au-delà des revendications politiques, est vraiment venu nous laver de cette honte et nous a permis de retrouver la lumière et le bonheur de vivre en paix avec les autres. Mais aussi de punir les responsables de cette descente aux enfers de tout un peuple, soixante ans durant. Depuis, chaque mardi et chaque vendredi, les Algériens sortent en masse pour crier leur volonté de vivre dans la liberté et la décence, et à ce jour, malgré les provocations du pouvoir, ils se tiennent fermement sur cette ligne de conduite. Hélas, mille fois hélas, la catastrophe est venue de nos compatriotes vivant en France. La honte nous submerge de nouveau.

Ils sont doublement coupables : ils ont trahi la silmiya (la « voie pacifique ») que les Algériens ont adoptée comme règle intransgressible et ils ont trahi la France qui les a accueillis, qui leur a donné la possibilité de vivre dans la liberté et la démocratie. C’est indigne, c’est insupportable. Je suggère aux autorités françaises, en application de la simple bonne règle de la réciprocité, d’expulser dans l’heure ceux qui manquent aux règles de l’hospitalité.

Le gouvernement algérien, lui, n’a jamais hésité une seconde pour expulser les étrangers qui se rendent coupables de la moindre incartade. Se plaindre et ne prendre aucune sanction est dangereux, c’est une incitation à la récidive. Agir dans ce sens, c’est nous aider à réussir notre hirak, notre révolution, notre transformation. Ainsi, chacun saura que ce qui est réprouvé et sanctionné ici l’est aussi ailleurs."

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